Crée au début des années 1960, AMICUS fut la seconde firme britannique de cinéma fantastique, concurrençant la fameuse Hammer, sans toutefois imiter platement cette dernière. En effet, AMICUS se spécialisa dans les films à sketchs. Les histoires choisies, parfois issues des bandes dessinées EC COMICS, se déroulaient au vingtième siècle et se caractérisaient par un humour noir assez poussé. Rien à voir avec les récits victoriens qui firent le succès de la Hammer.

And Now the Screaming Starts! est l'exception qui confirme la règle puisque il s'agit de l'un des rares longs-métrages gothiques de la AMICUS.

Que pouvait-on attendre d'un tel film très peu projeté en France avant sa sortie en DVD, sorti à une époque (1973) où le fantastique britannique déclinait et dont le réalisateur, Roy Ward Baker a été capable du meilleur (Les monstres de l'espace,The Vampire Lovers, Dr. Jeckyll et sister Hyde, Asylum) comme du pire (Alerte satellite 02, Les Cicatrices de Dracula) ?

And Now the Screaming Starts! s'avère être une belle réussite, sans doute supérieure à de nombreux Hammer de la même époque.

Sans être originale, l'histoire, à mi-chemin entre Henry James et Conan Doyle, est intéressante: une jeune mariée est harcelée par des fantômes dès son arrivée dans le manoir appartenant à la famille de son époux. Les auteurs ont réussi à instiller un sentiment de malaise qui sera loin de s'estomper avec le générique de fin.

Les acteurs sont parfaits. Le couple Ian Ogilvy-Stephanie Beacham est glamour et talentueux et l'on retrouve avec plaisir les vétérans Peter Cushing, Herbert Lom et Patrick Magee dans des rôles secondaires.

La mise en scène, alliée à une photo lumineuse, est élégante. La direction artistique (décors, costumes) fait jeu égal avec la Hammer. Même les effets spéciaux sont convaincants, notamment la main coupée démoniaque qui menace la jeune mariée durant une bonne partie de l'intrigue. Du coup les scènes chocs font toujours leur effet en 2020.

C'est au niveau de la narration que And Now the Screaming Starts! pêche un peu: outre le manque d'originalité, on pourra blâmer quelques scènes répétitives et superflues juste avant l'arrivée de Peter Cushing dans la dernière demi-heure où la clé de l'énigme nous sera révélée.

Avec dix minutes de moins, And Now the Screaming Starts! aurait frisé la perfection. En l'état c'est un très bon film longtemps rare, un parfait exemple du savoir-faire du gothique à l'anglaise que les amateurs de ce style peuvent découvrir avec grand plaisir.4,5/6.