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Surprenante découverte


De DelaNuit, le 23 octobre 2015 à 16:42
Note du film : 5/6

Info glanée sur Télérama : The wicker man a été classé par le British Institute parmi les cent meilleurs films jamais produits au Royaume-Uni.


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De DelaNuit, le 25 avril 2014 à 00:28
Note du film : 5/6

Je viens de voir The wicker man de Robin Hardy (1973). Quel film surprenant ! Je serais curieux de savoir comment il a été reçu à sa sortie. Il va en effet bien plus loin que les habituels films fantastiques ou gothiques de vampires ou sorcières, généralement très manichéens, et nous pousse à nous interroger sur nos propres valeurs, sur le fonctionnement de la pensée et de la spiritualité humaines, un peu – toute proportion gardée – à la façon d'un ethnologue.

Voici le sujet : un officier de police débarque sur une île éloignée de Grande Bretagne en quête d’une petite fille disparue. Fervent chrétien, il est choqué de découvrir une communauté ouvertement païenne vivant joyeusement ses ébats, ses désirs, son rapport au sexe, aux forces de la nature et à ses cycles, sans notion de péché ou d’espoir d’une vie éternelle. S’agit-il de gentils marginaux ou de dangereux criminels capables de sacrifices humains ? Sans en dire davantage, il apparaît que le policier fera finalement les frais de ce qu’il craignait le plus, sans pour autant entamer la ferveur joyeuse des habitants.

A partir de là, plusieurs approches sont possibles. Les bon chrétiens, sûrs de la supériorité de leurs dogmes et de leur morale, pourront se moquer avec condescendance des rites païens ici décrits, pour certains il faut bien l’avouer de manière assez caricaturale. Ils pourront se rattraper en considérant que leur héros revit à la fin le sacrifice du Christ et de tant de martyres de leur foi parmi les mécréants forcément barbares.

Les bons païens (il y en a, souvenons-nous qu’en Grande Bretagne le druidisme est une religion officiellement reconnue) pourront s’agacer que l’on mette encore en relation (comme si c’était une évidence) les religions polythéistes pré-chrétiennes et les sacrifices humains. Ils pourront toutefois se réjouir de l’absence de happy-end pour le héros donneur de leçon, et de la bonne foi "jusqu'auboutiste" des îliens.

En tant qu’observateur intéressé par la pensée et le fait religieux dans nos sociétés, j’ai trouvé intéressant la description de certains rituels anciens (masques d’animaux comme dans la scène de mariage païen du film Le seigneur de la guerre, robe-dragon, cercle de pierre…) dont le fondement remonte aux civilisations les plus reculées. J’ai trouvé particulièrement intéressant le fait d’habiller en femme Christopher Lee au moment où il mène la procession finale, choix plein de sens puisque juste rappel de l'importance du mythe de l'androgyne et des travestissements en usage dans les cultes anciens tels ceux de Dionysos ou de Cybèle.

J’observe surtout non sans ironie comment l’homme se construit des religions et croit dur comme fer à ses dogmes, se rendant capable du pire avec la meilleurs bonne foi possible et avec une parfaite joyeuseté. En cela, les sacrifices humains de certains païens n’ont rien à envier aux tortures et bûchers, guerres de religion et intolérances variées des monothéistes. Il est d'ailleurs intéressant que ce film présente les deux spiritualités à égalité comme si c'était une évidence, ce qui a du faire, et fait encore visiblement, grincer bien des dents.

Bien sûr, on est dans les années 70 et la vision bien sympathique des prêtresses nues dansant entre les pierres levées fait passer la pilule du côté kitsch de certaines scènes. Enfin, Christopher Lee, qui trouve peut-être là son meilleur rôle en châtelain / grand prêtre montre son talent d’acteur trop souvent mésestimé. Quel plaisir aussi de revoir la troublante et trop rare Diane Cilento (ex Madame Sean Connery, qui fut la "contessina" Médicis dans L'extase et l'agonie et la logeuse de caractère de Hombre). Et puis la jeune et jolie Britt Ekland en fille d’aubergiste délurée parfois totalement nue ne manque pas de piquant non plus.

Un bon moment en somme, pour un film original qui mérite d'être redécouvert. A noter : il existe aussi un "director's cut", disponible uniquement dans l'édition anglaise, avec quelques scènes supplémentaires)


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