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Forum : The Wicker Man

Sujet : Surprenante découverte


De Impétueux, le 2 janvier 2009 à 18:05
Note du film : 5/6

Le remake éponyme de Neil Labute, avec Nicolas Cage a été fort mal accueilli, ce qui m’a donné plus envie encore depuis quelque temps, compte tenu des points de vue laudatifs cueillis ici et là, de regarder cet étrange Wicker man

Malgré d’évidentes faiblesses, et même quelques séquences hautement ridicules (Lord Summerisle – Christopher Lee – déguisé en femme, avec une longue perruque noire conduisant la Procession de Mai), malgré le discours trop guindé de Jean-Pierre Dionnet qui présente le film et qui fait mine de croire que les mômeries celtistes devraient pouvoir être prises au sérieux, malgré une faille dans la structure, sur quoi je vais revenir, j’ai passé un très bon moment plongé dans un récit finalement assez horrifique, mais peu traditionnel ; ça m’a changé des vampires, des zombies et des satanistes dont je fais mon ordinaire dans le domaine des chocottes recherchées.

La faille du récit, à mes yeux, c’est l’origine donnée au paganisme des îliens par Lord Summerisle : son grand-père aurait, en achetant l’île, réintroduit, en quelque sorte, une religion tellurique, plus conforme aux aspirations d’habitants de ces contrées situées aux confins du monde, pays qui devrait n'être que de landes rases, de bruyère, de tourbe, de pluie, de paysages lunaires mais qui bénéficie d'un micro-climat plus généreux; son père aurait poursuivi, par amour (de l’île) dans cette voie, où lui-même se trouverait au mieux…

J’aurais préféré que ces vieux courants druidiques fussent présentés comme n’ayant jamais disparu, ayant toujours été sous-jacents à une apparente soumission au christianisme qui, se retirant de leur paysage, leur aurait permis de réapparaître : car la conversion au paganisme, qui semble être unanimement adopté par toute la population me semble plus aléatoire et invraisemblable… Population dont les trognes, soit dit en passant, me font penser à celles des Chiens de paille

Cela dit, j’ai eu l’impression, aux meilleurs moments du film, qui ne sont pas rares, de me trouver dans un des épisodes de la fabuleuse série onirique du Prisonnier de Patrick McGoohan, avec le même décalage entre l’apparente courtoisie de la population, et des évènements terribles qui se trament ou se déroulent… Et en plus, c’est un Prisonnier fort peu sage, où règnent l’anarchie sexuelle (l’orgie au clair de lune) et le sadisme (le scarabée enfermé dans le bureau de la salle de classe, qui tourne jusqu’à s’étrangler lui-même).

Étrange film, vraiment, doté d’une musique étrange, irréelle, très peu semblable aux musiques habituelles, musique hors du temps, hors de l’espace, hors de notre espace, sans doute, et c’est sûrement là aussi ce qu’a voulu le réalisateur Robin Hardy : un décalage à la fois très subtil, et d’une grande évidence par rapport au monde que nous habitons ; c’est aussi le sens de la juxtaposition de rivages désolés, que j’ai dit plus haut, et la luxuriance, due prétendument à une langue du Gulf-stream, de la végétation intérieure, palmiers, magnolias, rhododendrons…

S’il n’y avait pas la déplorable idée d’un Christopher Lee ridiculement attifé, la Procession finale, dans sa sauvagerie baroque, serait parfaite : elle fait songer à toutes les survivances carnavalesques, dionysiaques, barbares photographiés avec grand talent par Jean-Marie Steinlein www.uniterre.com/perso/jmsteinlein/image, aux affreux personnages couverts de lie de vin qui agressent Mona à la fin de Sans toit ni loi, à tous ces jours de folie où la rationalité disparaît…

Et comment ne pas être saisi par la magnifique affreuse séquence finale, avec le Wicker man embrasé qui offre en holocauste à la Nature déifiée le malheureux policier Howie (Edward Woodward) à la terreur palpable … ?


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De DelaNuit, le 25 avril 2014 à 00:28
Note du film : 5/6

Je viens de voir The wicker man de Robin Hardy (1973). Quel film surprenant ! Je serais curieux de savoir comment il a été reçu à sa sortie. Il va en effet bien plus loin que les habituels films fantastiques ou gothiques de vampires ou sorcières, généralement très manichéens, et nous pousse à nous interroger sur nos propres valeurs, sur le fonctionnement de la pensée et de la spiritualité humaines, un peu – toute proportion gardée – à la façon d'un ethnologue.

Voici le sujet : un officier de police débarque sur une île éloignée de Grande Bretagne en quête d’une petite fille disparue. Fervent chrétien, il est choqué de découvrir une communauté ouvertement païenne vivant joyeusement ses ébats, ses désirs, son rapport au sexe, aux forces de la nature et à ses cycles, sans notion de péché ou d’espoir d’une vie éternelle. S’agit-il de gentils marginaux ou de dangereux criminels capables de sacrifices humains ? Sans en dire davantage, il apparaît que le policier fera finalement les frais de ce qu’il craignait le plus, sans pour autant entamer la ferveur joyeuse des habitants.

A partir de là, plusieurs approches sont possibles. Les bon chrétiens, sûrs de la supériorité de leurs dogmes et de leur morale, pourront se moquer avec condescendance des rites païens ici décrits, pour certains il faut bien l’avouer de manière assez caricaturale. Ils pourront se rattraper en considérant que leur héros revit à la fin le sacrifice du Christ et de tant de martyres de leur foi parmi les mécréants forcément barbares.

Les bons païens (il y en a, souvenons-nous qu’en Grande Bretagne le druidisme est une religion officiellement reconnue) pourront s’agacer que l’on mette encore en relation (comme si c’était une évidence) les religions polythéistes pré-chrétiennes et les sacrifices humains. Ils pourront toutefois se réjouir de l’absence de happy-end pour le héros donneur de leçon, et de la bonne foi "jusqu'auboutiste" des îliens.

En tant qu’observateur intéressé par la pensée et le fait religieux dans nos sociétés, j’ai trouvé intéressant la description de certains rituels anciens (masques d’animaux comme dans la scène de mariage païen du film Le seigneur de la guerre, robe-dragon, cercle de pierre…) dont le fondement remonte aux civilisations les plus reculées. J’ai trouvé particulièrement intéressant le fait d’habiller en femme Christopher Lee au moment où il mène la procession finale, choix plein de sens puisque juste rappel de l'importance du mythe de l'androgyne et des travestissements en usage dans les cultes anciens tels ceux de Dionysos ou de Cybèle.

J’observe surtout non sans ironie comment l’homme se construit des religions et croit dur comme fer à ses dogmes, se rendant capable du pire avec la meilleurs bonne foi possible et avec une parfaite joyeuseté. En cela, les sacrifices humains de certains païens n’ont rien à envier aux tortures et bûchers, guerres de religion et intolérances variées des monothéistes. Il est d'ailleurs intéressant que ce film présente les deux spiritualités à égalité comme si c'était une évidence, ce qui a du faire, et fait encore visiblement, grincer bien des dents.

Bien sûr, on est dans les années 70 et la vision bien sympathique des prêtresses nues dansant entre les pierres levées fait passer la pilule du côté kitsch de certaines scènes. Enfin, Christopher Lee, qui trouve peut-être là son meilleur rôle en châtelain / grand prêtre montre son talent d’acteur trop souvent mésestimé. Quel plaisir aussi de revoir la troublante et trop rare Diane Cilento (ex Madame Sean Connery, qui fut la "contessina" Médicis dans L'extase et l'agonie et la logeuse de caractère de Hombre). Et puis la jeune et jolie Britt Ekland en fille d’aubergiste délurée parfois totalement nue ne manque pas de piquant non plus.

Un bon moment en somme, pour un film original qui mérite d'être redécouvert. A noter : il existe aussi un "director's cut", disponible uniquement dans l'édition anglaise, avec quelques scènes supplémentaires)


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De DelaNuit, le 23 octobre 2015 à 16:42
Note du film : 5/6

Info glanée sur Télérama : The wicker man a été classé par le British Institute parmi les cent meilleurs films jamais produits au Royaume-Uni.


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