J'ai revu ce film hier soir, pour la troisième fois et toujours la même émotion, le même trouble. Ce film n'est vraiment pas ordinaire. Il est construit à la manière d'une documentaire à un rythme lent et souvent silencieux qui correspond à la perfection au monde que décrit Fredi M Murer dans l'âme soeur , ce qui confère au film une atmosphère particulière,étrange voir envoûtante.

Fredi M Murer, fort de son expérience acquise lors du tournage du film de Paul Leduc "Ce n'est pas notre faute si nous sommes des montagnards" en 1974 ou il découvre surpris, un monde paysan vivant encore dans les traditions ancestrales, souvent sans même l'électricité et pourtant à quelques pas des grandes métropoles qu'il décide de planter le décor de l'âme soeur. Fredi M Murer déroule sa toile avec une précision sidérante. Le scénario est précis dans les détails. Les rôles des acteurs sont si criant de réalité qu'on se demande si cette histoire n'est pas tirée d'un fait divers.

Je ne raconterai pas le scénario, je préfère, si vous ne l'avez pas encore vu, que vous le découvriez par vous même, mais ce film porte un regard objectif et pertinent sur plusieurs thématiques souvent difficiles à aborder tel que : LE HANDICAP subit par "le Bouèbe" adolescent sourd et muet qui a un rapport particulier avec la nature, les objets,le touché, interprété magnifiquement par Thomas Nock mais aussi vécu par l'entourage. Le père qui ne supporte plus les révoltes du Bouèbe, joué par Rolf Illig. La mère malade et dépressive, interprété par Dorothéa Moritz qui délègue à sa fille l'éducation du Bouèbe et Belli la fille interprété par Johanna Lier qui quitte l'école et son rêve de devenir institutrice pour s'occuper de son frère. L'ISOLEMENT EXTRÊME ou les voisins les plus proche ne se voient qu'avec des jumelles et qui a (à mon avis) un rôle non négligeable dans la dernière thématique. L'INCESTE presque inévitable tant ces adolescents ont de complicité, de tendresse l'un pour l'autre mais qui mènera au drame.

Un très très grand film. Je l'ai noté 6/6 car je n'aime pas employer le mot chef-d'oeuvre. Moi, je le trouve d'une beauté peu commune, peut-être, d'autres ne l'aimeront pas mais il restera gravé dans leur mémoire comme dans la mienne.