L'unité de lieu de ce très beau film israélien est frappante : les protagonistes, une femme, son époux et leurs avocats, sont coincés tout le film durant dans ce miteux tribunal rabbinique. En Israël, il n'y a pas de divorce civil. Comme pour le mariage, il n'en existe qu'une version religieuse. Du jugement de ce divorce (en fait répudiation) dépend la liberté de l'héroïne. C'est l'archaïsme de tout un système, de toute une idéologie, qui est dénoncé dans ce film, où l'on montre les impasses que représentent les intégrismes religieux. On peut penser à Une Séparation, qui, dans un tout autre contexte, utilise également la procédure de divorce pour faire passer des messages sociétaux plus généraux.

Ronit et Shlomi Elkabetz – qui viennent d'ailleurs de lancer un courageux appel au cessez-le-feu dans la bande de Gaza – osent le parti pris du huis clos dans un tribunal, choix dangereux car pouvant lasser le spectateur. Il y a assez peu d'exemples de films se passant entièrement dans un tribunal : je pense à Dixième chambre, instants d'audience, Douze hommes en colère.

Les acteurs sont très bons : la réalisatrice Ronit Elkabetz (La Visite de la fanfare) joue l'épouse, Simon Abkarian (Ararat, L'Armée du crime) le mari, l'excellent Sasson Gabai (Le Cochon de Gaza, La Visite de la fanfare) son représentant, ici rabbin alors qu'il joue le Palestinien dans d'autres films !

L'affiche et la bande-annonce, bien qu'originales, n'incitent malheureusement pas à voir ce film, de même que le contexte israélo-palestinien de juillet 2014. À tel point que certains cinémas ont ajouté une notice sur l'affiche disant à peu près : "Ce film n'est pas aussi austère qu'on peut le penser." ! Et en effet, cette impasse juridique, au-delà de ses aspects tragiques, est intéressante et enlevée. Il est important d'aller voir Le Procès de Viviane Amsalem (qui aurait dû garder son titre original, Gett) ; il le mérite.