Bizarre, singulier, curieux, les qualificatifs ne manquent pas pour évoquer ce film assez insensé. On hésite entre une grande reussite (certaines scènes sont vraiment bien réalisées) et un grand n'importe quoi . La prestation de Daniel Emilfork, dont on ne saura jamais qui il est ni ce qu'il voulait dire, est de loin la plus surprenante et c'est un doux euphémisme. Il est mystérieux et ridicule. Et son physique hors normes en rajoute à l'interrogation permanente qui court tout le long de cette oeuvre à la fois simplette et tortueuse. Les films d'espionnage, pour la plupart, ne sont pas tous aisés à suivre. Mais celui là ressemble à une plaisanterie qui nous échappe ou a un classique noir incompris, au choix.. Claude-Jean Bonnardo dont jamais je n'avais entendu parler, semble filmer à la sauvette ses personnages bien curieux. Seules les séquences avec Noiret et Hildegard Knef relèvent du pur bonheur. Alors que l'ensemble est d'une fadeur incontestable. C'est vraiment étrange. Une atmosphère lourde alterne trop vite avec un léger qui surprend. Laurent Terzieff, même jeune, me parait assez lourdingue. Ce porteur de valise n'a que peu de crédibilité dans son jeu. On ne peut pas pour autant dire que c'est un mauvais film. L'action est là, mais curieuse. L'intrigue amoureuse (il y en a une) est là, mais à deviner et plus si affinités. Et où mène t-elle ?

Mais comment dire ? Si le film commence dans la plus pure tradition des films d'espionnage prometteurs (les pas d'un homme filmés dans un aéroport, voix off mystérieuse à la clé), la suite nous fait déchanter. Ça devient tellement banal que l'on croirait que ce n'est pas le même metteur en scène qui poursuit le tournage. Le voyage du bus, suivit par la DS noire de Daniel Emilfork (complètement à la masse !!) est d'un ridicule absolu. Ça frise la niaiserie. Et puis vient un ersatz d'histoire d'amour entre Noiret et Hildegard Knef qui nous réconcilie et nous oblige à poursuivre. De scènes téléphonées en bagarres très improbables, jusqu'au final imbécile et grandiloquent tellement facile. Que contenait cette satanée valise ? Un explosif puissant, certes. Mais à qui était-elle destinée ? Pourquoi vouloir abattre le porteur, grassement payé ? Il n'y avait que lui pour se charger de cette mission et surtout, en accepter d'autres ?

Pas compris grand chose. Mais ce n'est pas pour cette raison que ce film me dérange : C'est parce que je suis incapable de dire si j'ai vu un chef-d’œuvre ou une couillonnade de grande envergure. Pour le moins, un truc bizarre…