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Bien portants, s'abstenir !

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De Tamatoa, le 25 septembre 2013 à 18:33
Note du film : 5/6

Il y a peu de chances pour que l'on se retrouve dans la vie au beau milieu de scènes vues au cinéma. Aucun d'entre nous ne s'est découvert un jour Le parrain d'une famille de truands ou gaulé comme Quasimodo, tenant une belle gitane dans ses bras à deux pas de Notre Dame de Paris. Par contre, revivre dans une salle obscure ce que l'on a vécu pour de bon dans notre vie, ça, c'est tout à fait faisable. Et je crains fort que les gens toujours et immuablement bien portants ne goûtent pas trop ce film, n'ayant aucune expérience de la chose. Pour apprécier Chambre 108, il faut avoir eu quelques problèmes de santé qui nous ont emmené dans ces réserves curieuses où se mélangent tous les maux du monde, de la déprime passagère à l'impasse sans retour. On appelle cela un hôpital.

Or, il y a quelques années, rassasiées de Punu pua toro, de viande de chèvre et de cochon de lait, mes coronaires crièrent grâce et on du me déboucher la tuyauterie, puis carrément la remplacer. Bref : je me retrouvais alors dans la Chambre 108. Je ne le savais pas, à cette époque, que c'était la Chambre 108. Je ne l'ai su que récemment, en voyant ce film relatant au mot près ce que j'avais vécu avec mon compagnon de chambrée. J'ai retrouvé cette ambiance angoissante montée en mayonnaise par un papy qui me promettait tous les maux du monde alors que lui se goinfrait de friandises savamment cachées et devait être capable, même s'il n'a pas essayé, de sauter à pieds joints sur son plumard ! Et Jean Carmet dans le rôle de ce papy qui ne cesse d'emmerder Roland Giraud déjà bouffé par l'inquiétude, c'est d'une vérité criante . Un bijou, ce film ! Une perle ! Tout ce petit univers carcéral avoisinant les toilettes irréprochables, l'odeur de Canard Wc copinant avec la tristesse des draps mille fois désinfectés, les repas (!) pour mourants esseulés, et les courbes des infirmières inaccessibles, tout cela tient plus du reportage pour vicieux adeptes de la TNT que de la fiction. Je ne sais pas qui est ce Daniel Moosmann qui porta à l'écran de façon formidable cette pièce qui, dit-on, eut un immense succès à Paris, mais il a vraiment tapé dans le mille. Grace de Capitani, l'infirmière gironde, compte les coups entre les deux malades et leurs mesquineries réciproques, ouvre subtilement et chaque jour un peu plus sa blouse beaucoup plus par exhibition que par manque de clim dans la Chambre 108 et minaude à outrance devant nos libidos en berne.

J'ai adoré ce film parce que j'y ai vraiment retrouvé la vérité vraie. Carmet y est génial qui semble se régaler avec la misérable saucisse qui flotte sur ce qui ressemble à du jus de lentilles. Sans compter ce qu'il descend avec le ravitaillement liquide apporté par des copains au nez vermillon. Et qui raconte sa vie, de haut en bas, de bas en haut, dans tous les coins, à tous les âges, tous les étages et nuit et jour ! Carmet qui fait chier à mort ce pauvre Giraud qui n'en peut mais et tente de se défendre tant bien que mal des assauts de l'emmerdeur. Ah ! oui, je me suis revu, il y a quelques années, mangeant mon pain d'angoisse avec le même, mais alors le même casse-burnes diplômé me demandant toutes les cinq minutes si j'avais peur de mourir ! ! Et pourtant, vous savez quoi ? Ils ont tellement de talent que j'ai déifié cette comédie triste de la vie !

Un tantinet maso ? Non : Juste me rappeller qu'il y a les cochons que l'on mange et ceux que l'on doit supporter..


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