Mario Bava est resté dans l'histoire du cinéma pour avoir été le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du giallo. En revanche, ses trois incursion dans le western, à savoir Arizona Bill (1964), Les dollars du Nebraska (1966) et ce Roy Colt et Winchester Jack (1970) n'ont guère marqué les esprits.
En visionnant ce dernier film, inédit en salles en France, on comprend pourquoi. Le maestro était visiblement loin d'être aussi à l'aise et aussi impliqué dans le domaine du spaghetti que dans celui de l'épouvante. Le scénario, visiblement écrit sur un coin de nappe, se focalise sur une banale chasse au trésor émaillée de chevauchées, fusillades et bagarres -peu réalistes- et de retournements de situation. Les Américains Brett Halsey et Charles Southwood -vu récemment dans La saignée - font ce qu'ils peuvent pour donner de l'épaisseur aux deux personnages principaux. Comme la plupart des film de Mario Bava, Roy Colt et Winchester Jack a bénéficié d'un budget très faible comme en atteste la pauvreté des décors et des nuits américaines. Mais la réalisation ne fait rien pour arranger les choses et déçoit par son caractère bâclé, notamment l'abus des zooms avant et arrière.En 1970, le western italien s'apprêtait à devenir de plus en plus humoristique voire parodique, mouvement accentué en fin d'année par le triomphe de On l'appelle Trinita. Les auteurs de Roy Colt et Winchester Jack ont donc choisi la voie du comique. Mais si certains gags font mouche, notamment celui de l'assemblée de citoyens peureux qui se vide en un plan, d'autres consternent par leur facilité. Le parti-pris louable de légèreté vire à la lourdeur. Ainsi ce moment où la caméra film en gros plan le méchant du film, le Révérend, en train de se soulager…
Roy Colt et Winchester Jack est un film d'un faible intérêt artistique. Toutefois il peut se laisser regarder pour plusieurs raisons. D'une part, le montage est rapide et ne laisse jamais l'ennui s'installer. D'autre part, certains plans originaux et quelques éclairages, trop peu nombreux hélas, portent bien la marque de ce génie de l'image qu'était Bava, ainsi cette grotte éclairée en bleu ou cette tête de mort indiquant l'emplacement du trésor. Par ailleurs, la présence de la belle et talentueuse Marilu Tolo, convaincante dans un rôle pourtant assez misogyne de squaw vénale prête à se donner au plus offrant, donne une saveur bienvenue à l'ensemble… Enfin, la musique de Piero Umiliani accompagne agréablement les images sans atteindre des sommets.Roy Colt et Winchester Jack demeure toutefois une curiosité bien faiblarde, à réserver aux complétistes de Mario Bava et du western européen.
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