Bilbao, début des années 1980. El Pico (1983), réalisé par Eloy de la Iglesia, raconte les relations qui se nouent entre différents milieux : les consommateurs et trafiquants de drogue dure (héroïne), la « guardia » et ses méthodes musclées héritées du franquisme, l’ETA et sa violence, le militantisme indépendantiste pacifiste de gauche, le quidam de la rue espagnole. Le sujet est bien traité par un scénario très habile, qui ménage des effets de surprise tout en creusant différents thèmes qui s’entrecroisent. La mise en scène est efficace, destinée à être la plus invisible possible et au service du récit. Des plans très sophistiqués apparaissent néanmoins par moments. La musique, équivalente à celle que peut produire notre accordéon français, se pose à hauteur des personnages et apporte un effet de distanciation. Une musique sourde en contrepoint crée des effets dramatiques. Beauté des images de la ville également. L’écriture cinématographique de El Pico est tout simplement remarquable. Ce film est à redécouvrir. Il existe une suite à cette histoire, El Pico 2, présente dans le même coffret édité par Artus, mais moins réussie, malgré des aspects intéressants (vision du système carcéral de l’époque).