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Histoire de fesses ..


De Impétueux, le 5 avril 2020 à 18:45
Note du film : 1/6

Je vous trouve bien indulgente, Nadine Mouk (au fait vous avez à nouveau disparu ?) pour ce très ennuyeux film qui démontre, s'il en était besoin, aux nostalgiques que le cinéma d'avant connaissait lui aussi de bien médiocres compositions…

Ça commence – et c'est le moins mauvais – par une des nombreuses provençalades entièrement tournées sur la galéjade, le pastis, les parties de boule, les engueulades amicales et portées par un groupe de comédiens blanchis sous le harnais. Et en premier lieu, bien sûr, par Fernandel dont la seule présence assurait aux producteurs et distributeurs un confortable petit noyau de spectateurs prêts à marcher et à se rendre dans les salles sur le seul nom de l'acteur. Et d'ailleurs il y a eu presque deux millions de gogos qui se sont laissé avoir.

Pour Cocagne, en deuxième rideau on a encore droit à des étoiles de bonne magnitude, Rellys et Andrex, mais le reste de la distribution est plutôt étique : Paul Préboist, Edmond Ardisson, José Casa, Pierre Mirat… Il est vrai que, en 1961, quand le film est tourné, les plus grands, Fernand Charpin, Marcel Maupi ou Édouard Delmont sont morts ou sans doute un peu trop onéreux (Robert Vattier, Charles Blavette, Fernand Sardou).

On sent, ce qui n'est pas désagréable en soi, que Cocagne est un film à petit budget, tourné à la va-vite, sur la base d'un mince roman d'Yvan Audouard. Mais – je ne cesse de le répéter – ce qui peut passer, grâce à la magie des mots dans un livre peut ne rien donner sur l'écran. En fait dans Cocagne on se laisse assez paresseusement aller, avec un demi-sourire assez résigné, à un enfilage de lieux communs et à la représentation de situations caricaturales sur la douceur de vivre du Midi et sa flemme endémique. Le film se passe dans la belle ville d'Arles et met en scène un conducteur de camion-poubelle, Marc-Antoine (Fernandel) qui avec son équipe de bras cassés sillonne chaque matin les rues avant de se retrouver dans le café La petite douane dont le patron est Amédée (Andrex). Café dont la gloire immarcescible est de posséder, solidement protégé dans une sorte de retable, un tableau représentant les avantages charnus de la Fanny qu'il faut baiser à genoux lorsqu'on perd aux boules.

Marc-Antoine est une sorte de tyran régnant de façon tonitruante aussi bien sur ses aides éboueurs que sur sa petite famille, bien sage et bien obéissante, Mélanie, sa femme, d'origine italienne (Leda Gloria), son grand garçon très sérieux Claude (Paul Boussard) et son ado déjà rêveuse Augusta (Marie-Thérèse Izar). Il est l'ami d'enfance de tous ceux qui l'entourent et plus encore celui de Septime (Rellys) qui a une belle manade dans la Camargue toute proche. Et il est admiré pour on ne sait trop quelle raison par la serveuse du bistro d'Amédée, qui s'appelle Hélène et qui revêt les formes pulpeuses de Dora Doll. Se greffe là-dessus, comme des cheveux sur la soupe, une histoire d'amour impossible entre la riche Mireille (Josette Jordan) et son amoureux le pauvre immigré italien Vincent (Roberto Risso).

Jusque là, on est vraiment dans la seconde zone, mais enfin on se laisse faire. Seulement rupture aussi brutale que ridicule à la moitié du film. Le tableau qui faisait la gloire du bistro d'Amédée a été volé au grand désespoir du patron. Marc-Antoine, qui est doté d'un joli coup de crayon, entreprend de dessiner une belle paire de fesses. Sa femme imagine que ce sont celles de sa vraisemblable maîtresse. Le couple se sépare et Marc-Antoine quitte le foyer pour produire des Fanny qui remportent bientôt un immense succès et lui valent argent et renommée.

Je renonce à décrire la suite, qui est d'une bêtise absolue et qui s'achèvera sur la conclusion très morale du renoncement du bonhomme à la gloire et à la fortune au bénéfice des valeurs traditionnelles. Et ceci au grand dam d'Hélène/Dora Doll tout enflammée d'ardeur artistique. On confine là au pire mélodrame larmoyant et on se confirme dans l'idée que Dora Doll était faite pour jouer le drame comme moi pour affronter Teddy Riner en finale olympique…


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De Nadine Mouk, le 27 juillet 2016 à 23:50
Note du film : 4/6

Je comprends fort bien que notre site ne se soit pas donné la peine de faire un résumé de ce film car, pour dire le vrai, il ne se passe pas grand chose dans ce Cocagne. Et derrière cette affiche hideuse (les dernières créations de Jean Mara, loin d'être les plus réussies), c'est une simple et douce chronique de la Provence qui nous est offerte par le "papa" de Monsieur Vincent, film si cher à mon cœur de mécréante. Toute une pléiade (mot que je préfère à "flopée" à cause du talent de ces acteurs) de méridionaux plus célèbres les uns que les autres, font la ronde autour d'un Fernandel qui fait son show, tranquille, sans en rajouter. La vie est douce, le pastis bien jaune et bien frais derrière le noir et blanc et les pieds paquets cuisent et re-mijotent jusqu'à l'extase des papilles sous un ciel toujours bleu. On se fâche pour de faux et on s'aime pour de vrai. En revanche, les vieilles rancœurs sont tenaces et les éclats de rire très spontanés. On est bien Sous le ciel de Provence
Il y a les copains, les prises de gueule nécessaires à l'extravagance méridionale, les parties de pétanque où la mauvaise foi est reine et quelques histoires d'amour qui naissent bercées par le chant des cigales pendant que d'autres s'achèvent quand elles ne chantent plus. Les orgueils et les complexes sont au rendez vous, de part et d'autre d'un accent inimitable.

Mais il fallait bien une intrigue, un grenouillage à cette atmosphère quelque peu léthargique. Elle va prendre forme avec le vol d'un tableau de "Fanny" que les pétanqueurs honteux doivent embrasser. Certaines fesses qui s'éclipsent de notre vie peuvent nous laisser de marbre. Mais celles de Fanny, en Provence, sont sacrées pour tout amateur de pétanque qui se respecte. Pas de quoi faire intervenir Columbo ou Navarro, mais il faut réparer l'outrage. Et voilà que notre Fernandel se sent une âme de Van Gogh et, délaissant quelque peu famille et amis, se met en devoir de refaire ce tableau révéré. Ce travail qu'il veut d'orfèvre, cet "éloignement" provisoire va remettre certaines petites choses en question mais cela n'empêche pas le pastis de couler, les amants de s'aimer et la paix de régner sur ce Pays de Cocagne. Les dialogues sont sains, la mise en scène est plan-plan. Maurice Cloche n'a sûrement pas eu à hausser le ton pour diriger ces autochtones qui semblent tout faire, sauf du cinéma. Toute la garde rapprochée de Fernandel est là, la famille est au grand complet. Seule l'apparition de Leon Zitrone, horripilant, mettra un bémol à cette tendre ambiance.

Mais c'est vraiment un film reposant. On les écoute, on les regarde vivre doucement même si quelques petites frasques verbales nous sortent de notre torpeur ensoleillée. Cocagne, c'est un film pour détendre les excités, les surbookés, les stressés et les frénétiques. C'est une ordonnance. C'est la Provence sans histoires. Ou si peu… Une histoire de fesses volées. Entre Arles et Martigues. Une histoire qui n'a pas dépassé ces frontières. Et que Fernandel à décidé, pour le cinéma comme on l'aime bien, de nous raconter…


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