Je partage totalement l'avis d'Arca. Le film est tendu comme un arc et les acteurs, en plus d'avoir de sacrées gueules, sont impressionnants de charisme animal, comme des bêtes en cage. A.C.A.B m'a fait l'effet d'une grenade dégoupillée prête à exploser. Le début du film en montage alterné, qui présente les trois principaux protagonistes, Cobra, Negro et Mazinga, est déjà en lui-même un modèle d'efficacité, une efficacité qui ne se démentira pas tout au long d'un film qui effectivement ne prend pas parti mais présente frontalement les faits.

Doté d'une bande-son abrasive (on reconnaît le fameux Seven Nation Army des White Sripes sur le générique d'ouverture, et le non moins fameux Where is my Mind des Pixies lors de l'expédition punitive des flics à la fin du film), d'une mise en scène rugueuse, souvent en caméra portée, A.C.A.B est aussi brutal dans les séquences d'affrontements filmées au coeur de la mêlée entre C.R.S et factions radicales de différentes mouvances, qu'elliptique et pudique quand il aborde la vie privée de ses (anti-) héros.

Les principaux personnages sont à la fois attachants et pourris, se considérant comme une fratrie, avec les sacrifices et les avantages d'une telle situation. La tension ne se relâche jamais, même dans les scènes en apparence anodines.

Stefano Sollima récidivera dans l'excellence en 2015 avec Suburra, qui fait de Rome une cité tentaculaire pourrie jusqu'à la moelle, où les néons et les boules à facettes ne sont que la devanture d'un monde rongé par la corruption, l'ambition, et une violence atavique qui gangrène toute une société.