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De fretyl, le 13 mai 2010 à 03:05
Note du film : 2/6

Les acteurs en font un peu trop (surtout Depardieu) et je trouve qu'on s'éloigne un peu de la fable caustique qui était celle de Marcel Aymé pour ceux qui ont lu le livre, vers quelque chose de plus policé, de plus telefilmesque.

Berri lui même renia ce film. On songe à ce qu'il aurait pu être… Néanmoins dans ce désordre il survit quelques instants, ou les comédiens réussissent, en dehors de leur cabotinage, comme par magie à être "grand". Noiret lorsqu'il raconte la mort de sa femme, ou Galabru qui après avoir insulté son fils et s'être revendiqué comme une pure saloperie, se met à pleurer. Et puis il y'a aussi ce mythique ah les cocos de Depardieu

Mais… est-ce suffisant ? Non !


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De Gilou40, le 13 mai 2010 à 01:36
Note du film : 5/6

Un éclair de génie dans la filmographie de Berri ! Autrement plus inspiré que pour Stan the Flasher la même année, ou la triste La débandade quatre ans ans plus tard. Tout dans ce film est lourd, cadenassé de cette pèriode de notre histoire et de son tryptique inéluctable : La victoire, l'empreinte communiste et l'épuration sauvage.

La victoire, vue à travers le regard de quelques hommes qui attendent la fin d'une guerre qui n'en finit pas. Et le train ramenant les soldats survivants de cette boucherie sera comme un apaisement pour tous les protagonistes qui, tout le long du film, évoquent une guerre effroyable, avec des mots….De passage… a raison, qui nous rappelle le monologue de Noiret évoquant un bombardement qui bouleversa sa vie toute entière. Fantastique !


Marielle aussi en parle, de sa guerre. C'est la guerre de l'attente, la guerre qui lasse. Pour tous ceux là, habitant dans une promiscuité forcée qui n'arrange rien, ce conflit est un peu comme une immense partie de Monopoly qui n'en finit plus et qui met les nerfs à rude épreuve. D'ailleurs, tout le long du film, nous avons l'impression que ces acteurs ont sommeil… Ils ont tous quelque chose à se reprocher. Et ils voudraient bien dormir. Mais le train du "retour", comme un marchand de sable apaisant, n'est pas encore venu . Et même quand il arrivera, des âmes "plus pures" que d'autres se feront connaitre et entendre violemment…

L'empreinte communiste, solide, dont l'idéologie à cette époque, confine à la doctrine. Là, Michel Blanc fait très fort dans le rôle du chef respecté et capable de toutes les initiatives. Mais moins fort que Luchini, illuminé, halluciné par un parti qu'il pense être la vitrine de Marx : -Les prolétaires n'ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner. Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Il est prêt à tout pour ça, le magnifique lecteur du Voyage au bout de la nuit du génial et encombrant Céline. Même à tuer. Prévost, la girouette veule et lâche en fera la douloureuse expérience. Même si c'est Ticky Holgado qui prendra pour lui, victime d'une erreur sur la personne dans une pénombre qui n'est plus seulement l'œuvre des couvre-feux. Luchini qui crachera sur tout ce qui n'a pas adhéré au parti. Ce qui fera dire à Noiret :"- Vous ne me semblez pas très doué pour la vie….-"

L'épuration, la terrible et anarchique épuration. Ici, un Depardieu et un Galabru nous donnent une leçon de cinéma sans précédent.

Léopold est un tavernier alcoolique et poète. "- Ça m'sort de partout ! Les vers me sortent de partout !-" Il écrit au vin blanc, Léopold. Et ca ne dérange pas Depardieu qui exulte de bonheur et de talent dans ce rôle que personne, je dis bien personne d'autre que lui ne pouvait interpréter ! Il vocifère, puis il déclame et encore hurle devant les injustices, avant de murmurer ses verres (!) de mirliton. Il est le tavernier Racine, le bistrot Rabelais ! Il finira cible des gendarmes sur dénonciation de Galabru…Et quand cette immense carcasse de vinasse et de poésie s'affalera, criblée de balles, au milieu se son bistrot, nous aurons l'impression qu'Andromaque ne se jouera plus jamais…

Faussaire, collabo, trafiquant, fourbe, canaille , Galabru ne se montrera pas très souvent. Mais bien assez pour que l'on se souvienne, et longtemps encore, que de lui. Il les a tous à sa botte . Il est riche, très riche, et par les temps qui courent….Il n'a plus d'amis. Même son fils lui demandera de se suicider. Pourtant, dans un sursaut d'humanité, il réussira à lui avouer :"-Crois tu que si j'avais eu un fils dont je puisse être fier, j'aurais fait toutes ces saloperies ?…-" Et il s'effondrera en larmes.

Un film éprouvant, déchirant, dont nous pouvons, amateurs de cinéma, être plus que satisfaits. Mais je doute que ceux qui ont connu cette guerre y trouvent quelques fiertés a se remémorer cette période ô combien trouble… Ce temps ou les femmes, malgré les servitudes de la guerre et de la morale, payaient si cher, ce qu'en temps de paix on leur aurait demandé la fleur au cœur… Ces hommes, soldats ou non, qui ne savaient plus ou ne voulaient plus savoir. Et puis ceux qui n'ont jamais voulu savoir. Cette idée d'une France en proie à ses démons "intérieurs", de ceux qui se décuplent quand le pays bascule. Ces dénonciations éhontées dont nous détenons les tristes records. Le tout filmé dans des décors de fin du monde, désolants comme l'âme des hommes qui n'avaient peut-être pas tous réalisé…

Il s'est passé quelque chose en ce pays, entre 1939 et 1945. Et la grande Histoire n'a pas fait oublier les petites. De celles qui marquent les hommes de leurs génies ou de leurs bêtises, de leurs lâchetés montrées du doigt, ou de leurs immense courage ignoré à jamais. C'est ce que nous raconte Uranus.


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