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Film noir sauvé des flammes


De verdun, le 14 mai 2020 à 21:28
Note du film : 5/6

Woman on the Run (Dans l'ombre de San Francisco) est un film noir à petit budget produit en 1950 par Universal. On doit cet obscur thriller à Norman Foster, connu pour avoir réalisé Les amants traqués avec Burt Lancaster et surtout Voyage au pays de la peur, souvent attribué à l'ami et mentor de Foster: Orson Welles.

L'oeuvre qui nous intéresse aujourd'hui a failli disparaître à tout jamais car la seule copie 35 mm disponible fut brulée dans un incendie alors qu'elle s'apprêtait à être restaurée. Fort heureusement Eddie Muller, écrivain et grand exégète du film noir, avait eu la bonne idée de faire quelque temps auparavant une copie digital beta du matériel 35 mm. Eddie Muller explique toutes ces péripéties dans un livret accompagnant le DVD luxueusement édité par Wild Side en 2012.

Quant au film lui-même, je pensais dans un premier temps ne lui accorder que 4/6, car je n'y ai d'abord vu qu'un petit thriller, certes très bien fait malgré le peu de moyens, mais à la trame très classique: le témoin d'un meurtre a disparu, il est recherché à la fois par la police et le criminel qui se fait passer pour un mec bien. Cette intrigue vue et revue est, en outre, servie par des interprètes masculins peu charismatiques.

Mais l'ensemble s'avère au bout du compte beaucoup plus original qu'il n'y paraissait au premier abord. En effet, ledit témoin est également recherché par sa femme (Ann Sheridan) et cette "chasse à l'homme" va permettre à cette dernière d'en apprendre plus sur son mari que de nombreuses années de vie commune. En conséquence, l'intrigue police se marie harmonieusement avec un portrait de "femme en fuite" -pour reprendre le titre anglais- émouvant, d'une densité rare dans le film noir, et servi par une très bonne comédienne, Ann Sheridan, vue notamment chez Hawks ou Walsh, qui trouve ici le rôle de sa vie.

Woman on the Run (Dans l'ombre de San Francisco) vaut également par la façon dont San Francisco est filmée, dans un très beau noir et blanc. La ville s'affirme comme un personnage à part entière.

Enfin, le dernier quart d'heure, où tous les protagonistes se retrouvent dans une fête foraine, est très réussi. Les cadrages obliques et la succession de nombreux plans très brefs donnent à la réalisation un aspect baroque qui fait penser au cinéma du mentor de Norman Foster, le grand Orson.

On peut donc se féliciter que Woman on the run ait été sauvé des flammes, car c'est un film sans doute plus intéressant que le titre le plus connu de son réalisateur, Voyage au pays de la peur.


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