J'avais bien aimé 101 Reykjavík du même réalisateur (avec la très aimable Victoria Abril), et j'ai donc tâté de ce thriller américain voulu "cool". Eh bien, si trop d'impôt tue l'impôt comme disait fort justement Jacques Chirac, de même à vouloir être trop cool on finit froid. Ça se veut désinvolte dans le traitement des nombreuses tueries et autres fusillades, mais le détachement ainsi obtenu finit par se communiquer au spectateur, qui regarde le tout d'un œil morne, sans la moindre vibration pour les personnages. Si Mark Wahlberg montre quelques signes d'amélioration, par contre le généralement excellent Denzel Washington fait ici dans la peinture à numéros tellement il a fait le tour – me semble-t-il – de ce genre de rôles. Le meilleur du film se trouve du côté des personnages secondaires: Edward James Olmos en chef de cartel mexicain est savoureux, de même que le toujours solide Fred Ward en commandant des Marines qui s'en lave les mains. Et que dire de la craquante Paula Patton en flic ripoux…

C'est correctement photographié, éclairé et monté, mais on s'en fout. Quand l'ennui se pointe au beau milieu des tueries, moi qui d'habitude aime tant les tueries – celles où d'autres que moi meurent, bien sûr – c'est que quelque chose ne va pas dans le concept même du film. Quoi qu'il en soit, je suis content de voir que monsieur Kormakur était de retour dans sa patrie deux ans plus tard pour y diriger l'excellente minisérie policière Trapped (2015) (dont je vous reparlerai aussitôt que j'en aurai atteint la conclusion !).-