Disons le tout de suite : Bullhead est une oeuvre impressionnante, un film d'une rare intelligence. Glacial, violent, terriblement réel, il prend aux tripes et ne ménage pas le coeur du spectateur.

Bullhead c'est à la fois un film noir, un western rural, une comédie loufoque (là je pense aux deux garagistes…), un drame intimiste, une souffrance intérieure, une trame policière, un passé trouble … une vérité qui ne s'impose pas. Car il est trop facile d'apporter une réponse à des drames humains. Alors le spectateur jugera en son âme et conscience. Et il n'oubliera pas cette terrible histoire.

Jackie Vanmarsenille est un éleveur belge qui trempe dans le trafic d'hormones de croissance. Pour ses bêtes, mais pour lui également : car s'il se dope à la testostérone c'est parce qu'on lui a broyé les testicules lorsqu'il était enfant. Son corps devient un amas de muscles, il cède à la brutalité, une fois. Une fois de trop. Peut-on dire qu'il est littéralement une bête ? Non, car Jackie Vanmarsenille est également amoureux et il souffre aussi. Il protège sa famille. Il veut être heureux.

Et progressivement alors même que Jackie prend ses distance avec les trafiquants véreux, l'éteau se ressere injustement autour de lui.

La scène qui marque le film, celle du drame personnel, est remarquable : une course poursuite dans les champs, le rythme de l'action au ralenti, le son qui soudainement se coupe. Un malaise, une angoisse envahit le spectateur. L'action reprend à son rythme normal lorsqu'il est déjà trop tard : le jeune Jackie Vanmarsenille rattrapé par son agresseur ne peut échapper à l'acte de barbarie qui va lui être infligé.

La réalisation est parfaite tout comme l'interprétation de Matthias Schoenaerts. A voir !