Ex-possesseur de jouets Tonka, je me frottais les mains à l'idée de passer avec ce film de la machinerie d'autoroute de A l'origine à celle de l'ingénierie navale. Eh bien c'est ça, et il y a de beaux jouets, mais la magie (et la maîtrise) du film pré-cité manque quelque peu.

La Mer à boire un drame du travail défendable, mais dont le scénario reste un peu en friche, centré sur un constructeur de bateaux de luxe dont l'entreprise périclite. Avec sa conviction coutumière, Daniel Auteuil incarne le patron de cette boîte. Les banques qui changent de politique au milieu du gué, les relations de plus en plus difficiles avec les syndicats, les manœuvres d'un entrepreneur concurrent («Un fabricant de poubelles flottantes !») qui tente de mettre la main sur la prestigieuse marque qui bat de l'aile, le souvenir de sa femme morte prématurément. Le sujet est intéressant – et relativement peu traité au cinéma – mais le résultat est hélas en deçà de ses possibilités (selon moi bien riches) et si la dernière séquence surprend le spectateur, c'est qu'elle est franchement outrée. (Ou alors il aurait fallu mieux lui préparer le terrain: problème de scénario, sans doute). Ça aurait pu être bien plus prenant, avec un peu de fougue, une touche de lyrisme peut-être, mais le traitement reste plutôt froid et je n'ai jamais pleinement accroché.