Le rôle est complexe et passionnant, et on comprend que Sophie Marceau ait eu envie de se lancer dans l'aventure. L'histoire aussi est des plus intéressantes, celle de cette muse, symbole même du théâtre français, tentée entre le tragique noble et le comique populaire. L'époque aussi est attractive, toute à la fois brillante de talents artistiques et arriérée dans ses habitudes.
Seulement, la mise en scène n'est pas au rendez-vous. Non pas au niveau des comédiens, tous à leur place et donnant le maximum d'eux-mêmes, mais au niveau de l'image. Véra Belmont offre un regard inculte sur une époque à laquelle elle ne voue aucune familiarité ni aucune fascination, s'arrêtant sur des détails comme le ferait un anthropologue écrasé par un paternalisme qu'il n'arrive pas à surmonter. Ainsi, nombreux sont les plans voire les scènes purement descriptifs de l'époque, ou plus exactement d'une époque vue de nos jours, avec la culture de notre siècle. Ce n'est pas un regard naturaliste que pose Véra Belmont, mais un regard ethnocentrique. Du coup, elle abandonne les personnages, comme dévorée par l'époque. Pire, on a l'impression qu'elle prend plaisir à vouloir détruire les mythes (les auteurs classiques), mais pas pour apporter une nouvelle vision ou une nouvelle interprétation (ce qui eût été constructif). Non, juste détruire pour détruire, et être ainsi portée par la vague actuelle de cette contre-culture consistant à « aller contre » juste pour paraître intéressant et intelligent.
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