Quand au rebondissement final ultra-convenu et à la pirouette conclusive d'une rare mièvrerie, ils cèdent à la plus grande facilité du cinéma hollywoodien commercial dénué d'âme. C'est exact ! Entièrement d'accord avec Stève McQueen. Ces deux minutes là, juste après le panneau Trois mois plus tard…, on pouvait grandement s'en passer. Pour moi, la vraie fin de cet admirable film se situe à la dernière réplique de Alice Taglioni "-Pour une fois que j'ai visé juste ….-" dans cette scène, très joliment tournée visiblement en nuit américaine, au bord de la falaise. Mais pour le reste, à mon humble avis, tout est presque parfait ou peut s'en faut . Bien sûr, oui, il existe des invraisemblances à la Rambo comme le souligne encore Stève MacQueen. Il va falloir passer outre des facilités de scénario parfois aberrantes : se balancer avec un flic par la fenêtre du quatrième étage, sans savoir qu'une camionnette garée en bas amortirait la chute, il faut vouloir … Mais je crois qu'il est de ces invraisemblances qu'il faut savoir oublier, sinon le cinéma n'existerait pas ou si peu. Bien des films en souffrent mais le génial savoir-faire ne dure qu'un moment . Il est vrai que l'excellent début, la tension formidable dont parle Stève, ne pouvait s'éterniser avec tant d'intelligence . Il fallait bien que ça retombe . C'est quand même un sacré boulot : Ecrire, imaginer, se lancer et faire avec les impondérables, tenir le rythme à tout prix. Quelques fois et souvent, on imagine mal ce que représente la fabrication d'un film et son aboutissement. C'est un travail de titan pour qui veut faire, bien sûr, du bon cinéma. Et nous jugeons, nous notons en oubliant trop souvent que si le maximum a été échafaudé, la route est longue pour Gibraltar …

Donc, ça retombe. Et pour ma part, j'ai trouvé que ça retombait peu. C'est vrai que l'on pourrait penser qu'il y a deux metteurs en scène sur cette oeuvre. Qu'ils se seraient partagés le film. Mais ça tient fort bien la route quand même. Les scènes d'actions sont rigoureuses et intenses voire bestiales ! Comme quoi, on sait être efficace quand on veut. Pour une fois un vrai bon film français. Oui, tous les acteurs sont formidables, le magistral Dupontel en tête ! Même si on peut, à voix basse, lui reprocher de surjouer une chouillette. Quel talent avait le comique, quel génie possède l'acteur ! Sauf quand il se dirige lui-même où il est imbuvable ! Mais nous abordons là un autre domaine : les fantasmes de M. Dupontel, avis très personnel. Et un Stéphane Debac cauteleux à souhait que l'on prend plaisir à haïr tout au long du film. Taglioni, pour une fois, est autre chose qu'une belle plante. Fait assez rare, disons le. Courte mais belle apparition de Caterina Murino , autre "physique". L'excellent Sergi López est encore un ami qui vous veut du bien mais dans le bon sens du terme cette fois. La proie est un très, très bon film qui peut même prouver que l'on peut rivaliser avec les Amerloques . Même si, par instants, il demande toute notre indulgence. Personnellement, je lui accorde bien volontiers parce que j'ai passé quatre vingt dix minutes enthousiasmantes !