Il y a fort longtemps de ça, me cachant derrière le fauteuil de mon père car trop jeune encore pour regarder la télé le dimanche soir, veille d'école, le cri térrifiant d'un chien déchirant la brume et le regard pointu et un peu halluciné d'un homme étrangement vêtu, me fit rejoindre mon lit au pas de course. Je ne savais pas alors que je venais d'entendre hurler Le chien des Baskerville et que l'homme au visage hâve s'appellait Sherlock Holmes. Bien plus tard, j'ai su que les aventures de Sherlock Holmes furent déclinées de bien des façons. Mais je n'avais pas oublié "mon" visage blafârd et ses yeux de hiboux. Basil Rathbone serait, pour l'éternité, Le Sherlock Holmes de ma vie…

Et voici que les éditions Bach Films, inconnues pour moi jusqu'à ce jour, nous proposent par lots de deux, les aventures du célèbre résidant du 221 B. Backer Street. Je fis donc l'acquisition de ces deux DVD, pour le prix modique de cinq euros. . A Study in Scarlet (Une étude en rouge) et Terror by Night (Le train de la mort). Alholg nous a parlé de ce Terror by Night que j'ai découvert avec un immense plaisir car pas de chien qui hurle mais un bon suspens avec un final bien imprévisible ! Et puis mon Sherlock Holmes à moi, Rathbone. Mais pour ce qui est de cette A study in scarlet, quelle déception…

D'abord, bien que ce soit un DVD, c'est une image immonde et un son lamentable qui nous sont donnés. Un film de 1933, je veux bien, mais quand même . A côté, René Château fait figure de Blu-Ray, 3D, et tout le saint Frusquin. En revanche, Terror by Night dispose d'une image restaurée et, si on ne peut peu pas évoquer le parfait, disons que c'est très correct. Mais ce Sherlock Holmes, cette Etude en rouge n'a rien à voir avec tous les autres.

D'abord le héros : Réginald Owen qui ressemble plus à un chef d'entreprise qu'à un détective. D'ailleurs, il s'adresse à son Watson plus comme à un ouvrier qu'à son ami. Et il n'a pas le côté déjanté et héroinomane qui convient au rôle. Il est bien moins proche de Watson qu'il ne l'est dans d'autres aventures. Pas de complicité réelle entre eux. Cette amitié indéflectible qui faisait le charme de ce duo légendaire fait cruellement défaut. Son Docteur Watson, Warburton Gamble n'a pas la truculence de Nigel Bruce, le Watson de Rathbone. Ces deux hommes sont bien "plats" même si de corpulences conséquentes. Le scénario reprend celui des Dix petits nègres et une impression de n'importe quoi nous envahit parce que, au contraire de Terror by Night, l'action ne se passe pas dans un endroit clos . On dirait que Edwin L Marin, le réalisateur, a voulu mélanger les genres. Il n'y a pas la légèreté qui caractérise aussi les aventures de Sherlock Holmes en général. En tous cas c'est mauvais. Ennuyeux. Pourtant on nous affuble d'une société secrète, d'ombres étranges sur les murs, de revenants que l'on croyait morts, de poisons terrifiants mais le tout reste bien lourdingue. Une chose cependant retient notre attention : Ce sont les moyens rustiques employés pour réaliser ce film. C'est vraiment fait avec trois bouts de ficelle, des effets grossiers, aucune invention côté mise en scène. Presque du muet. C'est le début du cinéma parlant et ça, on peut le considérer comme un vrai document. Document qui plus est car il apparait que cette Etude en rouge serait la toute première aventure du célèbre détective. A vérifier.

Je ne connaissais pas ce Réginald Owen et encore moins Edwin L Marin. A en croire notre site favori, la carrière de ce dernier fut brève. Et rien que je connaisse. En revanche, je lis que réginald Owen apparut dans Mary Poppins dans le rôle de l'amiral Boom. Nom d'un caniche, je connais bien ce film et je ne l'aurais jamais reconnu ! Il porte mieux le costume et la prestance de l'Amiral que le Tweed de Sherlock Holmes, c'est une certitude. L'achat donc de ces deux DVD ne vaut que par Le train de la mort dont Alolhg, disais-je, vous entretient sur le fil correspondant…