Le cinéma de Jess Franco s'adresse sans doute à des cinéphiles exigeants comme Verdun, capables de détecter une trace de cinéma d'auteur sur une paire de fesses galbées éclairées par un rayon de soleil. Les Inassouvies (1970) fait partie des réussites de cet auteur bouillonnant, foisonnant, et subversif. A partir de décors naturels, et architecturaux, le cinéaste crée un monde onirique de toute beauté au sein duquel s'insère une intrigue inspirée de l'oeuvre du marquis de Sade. Musique, sons, photographie, actrices sont également de toute beauté… Un soin est apporté à la couleur, au rythme du récit, aux placements et déplacements des personnages. La qualité formelle et l'originalité du traitement du sujet produit un spectacle fascinant. Très habilement Franco sait positionner la thématique de cette œuvre en deçà des limites de ce qu'il est possible de proposer à l'écran à un public.

Vu sur grand écran il y a quelque temps, cette libre adaptation de la philosophie dans le boudoir du divin marquis de Sade m'a semblé figurer parmi les films les moins contestables de l'extravagant Jesus Franco.

Si le récit, parsemé de scènes érotiques, de l'initiation d'une jeune fille n'offre dans un premier temps guère de surprise, l'esthétique du film est assez fascinante: cinémascope, caractère quasiment monochrome de certaines séquences confinant à l'onirisme, beauté des décors naturels. L'irréalité prend insidieusement le dessus.

Le casting est très bien utilisé. On remarquera la présence de la belle Maria Rohm ainsi que l'étonnante apparition de Christopher Lee.

Bien sûr le film est à réserver à un public averti, aussi bien dans la crudité des thèmes abordés (inceste, saphisme,etc.) que dans la forme, celle d'une série B voire Z auteuriste même si elle s'avère beaucoup plus fastueuse que bien des productions d'ultérieures du réalisateur ibère.

A revoir, d'autant que le film est sorti récemment en dvd.