On peut émettre quelques certitudes à propos de Monicelli quand on passe en revue une partie de ses films méconnus, comme c'est le cas pour Verdun et moi-même. C'est un cinéaste inégal, qui alterne souvent le meilleur et le pire à l'intérieur du même film. Deux exemples très nets : Caro Michele et Les infidèles. Caro Michele est par moments impressionnant de maitrise, à d'autres moments insupportable de cabotinage. Ceci le différencie à mon sens de Damiano Damiani pour lequel la qualité est constante à l'intérieur du même film. Chez Damiani, il y a les chefs d'oeuvre, les excellents films, ou moins bons jusqu'à certains médiocres, mais on le sait au bout de dix minutes, et la qualité ne varie pas. Chez Monicelli, ce sont les montagnes russes avec une qualité très variable d'un bout à l'autre du même film. Pas vu jusqu'ici d'autres cinéastes dans un tel cas de figure. Ce caractère inégal peut s'expliquer par différentes raisons, notamment qu'il ne disposait pas de tous les pouvoirs lui permettant d'orienter les récits ou de choisir les acteurs à sa guise. A ce titre, on peut considérer qu'il n'est pas vraiment un "auteur" comme on le définit habituellement, plutôt un très bon artisan, qui fait avec ce qu'on lui donne.
Sorti sur les écrans italiens en 1999, inédit en France, Panni sporchi est l'avant-dernier film de Mario Monicelli. Le sujet est cher au cinéaste: une famille passe son temps à laver son "linge sale", ainsi que l'indique la traduction française du titre.
Et pourtant, il s'agit davantage d'une curiosité que d'une réussite. Le scénario est laborieux. La réalisation manque d'inspiration et la photo de Stefano Coletta est plutôt laide.
Heureusement Panni sporchi se laisse voir grâce à un casting qui réunit notamment Michele Placido, Mariangela Melato, Ornella Muti, Gigi Proietti et Paolo Bonacelli, même si ce dernier surjoue éhontément.
Quelques bons moments nous font retrouver furtivement la noirceur, la causticité et les changements de ton soudains qui firent jadis la grandeur de la comédie à l'italienne. Les dernières séquences sont marquées par une irrévérence bienvenue qui fustige la mondialisation déjà amorcée à la fin du XXe siècle.
Panni sporchi est un film peu aimable à réserver aux cinéphiles complétistes.
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