Milan/Hallyday, chose curieuse, porte le même nom que le Ventura, autre bandit, de L'emmerdeur, mais aussi du héros du roman de Roger Vailland Les mauvais coups très bien adapté par François Leterrier au cinéma. Trois destins, trois conduites d'échec. Il est intéressant de faire le rapport. En tout cas Maresquier/Rochefort a du mal à amadouer ce grand fauve bougon, qui répond à peine aux questions que le vieil homme lui pose, mais accepte son hospitalité.
Après qu'ils se sont un peu frottés l'un à l'autre, que les portes se sont ouvertes, voilà que l'histoire fuit vers l'inéluctable, chacun des deux hommes se résignant à son destin. Pour Maresquier, c'est le triple pontage qui va échouer au moment même où Milan, trahi par ses complices, sera abattu par la police devant la banque qu'il dévalisait. Entretemps, chacun aura un peu goûté aux plaisirs de l'autre : Milan à la poésie, au confort des charentaises, à la chaleur d'une vieille bouffarde ; et Maresquier en tirant au revolver sur des canettes, en poussant sa sœur (Édith Scob) à avouer que son mari est un crétin, à réaliser que sa liaison avec Viviane (Isabelle Petit-Jacques) est une impasse ridicule… La première fois que j'ai vu le film, en entrant dans la salle, j'étais bien perplexe sur la présence de Johnny Hallyday ; je n'ai jamais supporté ni sa voix, ni ses chansons, ni sa dégaine en chanteur et ses expériences cinématographiques m'avaient paru affligeantes. Et de fait, ni D'où viens-tu, Johnny ? (quoique…c'est si nul que ça en deviendrait touchant…) ni l'atterrant La Gamine ne prédisposait à l'indulgence. Je craignais qu'il en vînt en gâcher la qualité du jeu de Jean Rochefort. J'avais tort : les personnalités des deux acteurs se répondent parfaitement, sans doute d'ailleurs parce qu'elles sont totalement antinomiques, comme le veut le scénario.Un petit regret, les trois dernières minutes oniriques du film, où chacun imagine ce qui aurait pu être. Trois minutes inutiles.
Le gouffre derrière : votre vie manquée. Le gouffre devant : votre décrépitude et votre mort. (Montherlant dans Brocéliande).
Ayant encore une fois regardé L'homme du train, je ne peux qu'en faire des compliments. Ces deux hommes, tout les deux meurtris par la vie mais pourtant si différents, se complètent cependant très bien. Jean Rochefort, comme toujours excellent, joue très bien le rôle du bourgeois très classe qui souffre d'une certaine solitude. Johnny Hallyday, dont je le répète, je me méfiais dans ce rôle, car il est vrai qu'il ne possède qu'un assez petit talent d'acteur et qu'il ferait mieux de s'en tenir à son métier de chanteur, est très bien dans le rôle du truand qui dès sa sortie de prison est prêt à remettre le couvert. Pourtant, la rencontre entre ces deux hommes va créer une belle amitié. Très peu de personnages, mais une histoire touchante, font de ce scénario une réussite. C'est un avec un immense plaisir qu'on écoute les dialogues et les répliques qui ne manquent pas d'intérêt.
J'en reviens à la fin vraiment poignante. Il est vrai qu'on a l'impression d'être encore avec les acteurs….
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