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Un film de propagande ?


De vincentp, le 3 mars 2012 à 23:12
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Je partage l'avis très favorable exprimé par Impétueux sur Alexandre Nevski, réussite admirable du cinéma soviétique, et rappelle au passage que Eisenstein a réalisé au moins cinq autres chefs d'oeuvre (selon l'opinion communément admise et aussi la mienne) : La ligne générale, Le cuirassé Potemkine, Octobre, Ivan le terrible 1 et Ivan le terrible 2 (lesquels méritent tous d'être vus, et commentés si possible sur ce forum).

Nb : je vais creuser le filon des films un peu oubliés du cinéma russe au cours des prochains mois…


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De Impétueux, le 14 février 2007 à 14:49
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Il n'y a donc aucun anachronisme dans Alexandre Nevski, mais l'emploi d'une réalité historique donnée, le massacre du 5 avril 1242 des chevaliers Teutoniques et des chevaliers Porte-Glaives sur les glaces du lac Peïpous, à la frontière de l'Estonie actuelle.

Cette remémoration permet de démontrer, à qui veut bien la voir, en 1938, les ressources infinies de la nation russe et le péril que les envahisseurs germaniques encourront s'ils oublient les leçons du passé.


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Sainte Russie


De Impétueux, le 3 mars 2012 à 21:25
Note du film : Chef-d'Oeuvre

C'est vraiment bluffant et admirable et c'est un cinéma qui devrait être présenté comme un art total, tant la hauteur du propos, la beauté des images, la qualité de la musique (de Serge Prokofiev !), intelligence des mouvements se mettent au diapason.

Ce serait un chef-d'œuvre indépassable s'il n'y avait quelques scories, que je dévide d'abord et évacue pour ne plus avoir à en reparler : dix minutes de trop, des acteurs parfois marmoréens, deux ou trois clins d'œil inutiles, une conclusion trop didactique.

Mais tout le reste ! Des images admirablement composées, dont aucune n'est superflue et qui, toutes, sont rares avec des angles de prise de vue absolument surprenants et magnifiques ; par exemple une sorte de segmentation de l'écran qui confine le sujet dans un angle restreint, pour mieux faire ressentir l'immensité du ciel ou celle de la steppe : travail d'une grande pureté formelle, d'une grande exigence, qui fait appel à l'intelligence du spectateur, qui le place comme véritable interlocuteur. Si quelques plans peuvent sembler figés, ou trop composés, la tonalité presque picturale de l'ensemble l'emporte largement  ; (on a d'ailleurs vu, dans la séquence de présentation des armées, avant la grande bataille du lac Peïpous, dans la forêt des lances arborées, un hommage au peintre italien Paolo Uccello).

Qu'Alexandre Nevski soit un film de commande, avec quoi Staline a voulu éveiller l'opinion soviétique sur les menaces allemandes en 1937, n'est pas pour me gêner ; après tout je ne vois pas bien pourquoi l'attitude d'un État inquiet qui fait appel au génie d'un de ses grands artistes pour modeler les cervelles lorsque le péril est à ses portes serait indécente. La Russie, vaste territoire sans grandes frontières naturelles, et dotée d'un immense espace, a toujours été l'objet de convoitises dangereuses ; accessible à tous, art populaire par excellence, le cinéma se devait d'être le vecteur des grands mouvements telluriques qui ont agité le siècle dernier ; en témoignent, d'un autre côté les parades plastiquement superbes filmées par Leni Riefenstahl, mais aussi, et de manière plus insidieuse, la kyrielle de métrages de propagande étasunienne qui ont envahi notre espace.

Alexandre Nevski est un film manichéen, simpliste, brutal, sans nuances. Les Teutoniques apparaissent, dès qu'ils sont présentés, en images d'épouvante : figés, hiératiques, glacés, sans visage sous un casque qui dissimule leurs traits, vêtus d'immenses manteaux blancs frappés d'une croix noire ;

le Légat du Pape (c'est-à-dire d'une Papauté romaine honnie par l'Orthodoxie) et ses séides, qui assistent les Allemands et bénissent leurs exactions sont impressionnants de veulerie et de méchanceté. Et, parallèlement, les Russes, qui luttent pour défendre leur pays natal sont généreux, loyaux, courageux, intègres. C'est la loi du genre et elle fonctionne parfaitement bien : c'est ainsi qu'on forge les épopées.

En tout cas, je n'oublierai pas de sitôt l'image funèbre et inéluctable du Teutonique englouti dans les eaux glacées du lac, et de son long manteau filant sous nos yeux… Déjà métaphore et préfiguration de qui allait arriver quelques années plus tard : on n'envahit pas plus la Russie que l'Afghanistan…


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