Il faut nettoyer les écuries d'Augias !

4,2/6. Vaudeville réalisé par Pietro Germi en 1952, adapté d'une pièce de théatre française. Des situations énormes plus ou moins drôles. Mademoiselle la présidente arrache sans doute au spectateur contemporain plus des sourires parcimonieux (souvent liés au décalage entre les intentions affichées des personnages et la réalité qui suit) que des rires constants. Mais la mise en scène, dynamique et efficace, de Germi est de qualité, voire brillante (le brio de la seconde partie du film, déroulé à toute vitesse, force l'admiration). Les décors (très soignés) et la photographie (superbe noir et blanc de Leonida Barboni) participent à la réussite -relative- de l'ensemble.

Ce film contient en germe les éléments qui feront le succès critique et public de la comédie italienne des années 1960-1970 (dans le prolongement naturel de ce qui fut la "comedia dell' arte" du moyen-âge italien) : citons pêle-mêle, esprit bouffon se moquant avec certaines limites de l'hypocrisie des notables et des normes bien-pensantes, subtil mélange de choses drôles et graves liés à des individus dans leur contexte social (ensemble destiné à faire réfléchir et à distraire, dans le même temps), personnages fort en gueule associé à un jeu extraverti des acteurs, utilisation de la sensualité émanant des acteurs et actrices pour favoriser l'adhésion des spectatrices et spectateurs.

Il y a ici l'adorable miss Pampanini, l'arme absolue de séduction féminine. De la tête aux pieds, elle possède tous les atouts nécessaires. Le ministre, le président, le conseiller, et le spectateur masculin, passent tour à tour dans ses bras accueillants et vivifiants. Certains analystes bien-en-cour de la Cinémathèque française prétendent même l'avoir croisée récemment, à moitié nue, en porte-jarretelle, dans les locaux du Ministère de la justice ! Place Vendôme, excusez du peu ! L'interprétation de Silvana Pampanini, parfaitement dirigée, est superbe. On peut également relever dans ce film des idées de mise en scène -traduites par des plans- très modernes. Ainsi, les deux gros plans de la 25° minute secondes 12 et 13…