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Ne mérite pas sa réputation désastreuse


De verdun, le 29 avril 2023 à 12:04
Note du film : 4/6

Un millionnaire (Burt Reynolds) tombe amoureux d'une chanteuse (Madeline Kahn), une jeune femme (Cybill Shepherd) rencontre un joueur italien (Duilio Del Prete): tous les quatre s'apprivoisent, se mettent en couple, puis se séparent et s'aiment enfin.

Après avoir triomphé au début des années 1970 avec la dernière séance, on s'fait la valise docteur et la barbe à papa, Peter Bogdanovich a essuyé plusieurs échecs retentissants, à savoir Daisy Miller, Nickelodéon et Enfin l'amour.

Enfin l'amour, à sa sortie en 1975, a été un échec commercial et un désastre critique à tel point que, selon Wikipedia, Bogdanovich a "envoyé des communiqués de presse à travers le pays pour s'excuser du film".

Enfin l'amour avait sans doute le tort d'être un projet totalement anachronique: un film sur des airs de Cole Porter rendant hommage aux comédies musicales des années 1930. Par ailleurs, on a reproché Bogdanovich a fait appel à des interprètes n'ayant pas d'expérience particulière du chant et de la danse tels sa compagne Cybill Shepherd ou le baroudeur de Délivrance, Burt Reynolds. Enfin l'amour est donc un film risqué dont les audaces ont été condamnées par la critique et le public de l'époque. Vingt-cinq ans plus tard, lors que Alain Resnais a mis sur pied Pas sur la bouche, opérette elle aussi démodée et elle aussi interprétée par des acteurs n'ayant pas d'expérience particulière du chant, la critique et le public ont salué le résultat. Allez-donc comprendre…

Revu aujourd'hui, Enfin l'amour n'est pas un chef-d'oeuvre en raison de ses longueurs excessives et d'un scénario aux enjeux très minces, comme souvent dans les comédies musicales. Mais c'est un spectacle léger et raffiné, un peu comme un verre de champagne. La direction artistique est somptueuse: les décors et les costumes recréent superbement les années 1930. On remarquera notamment le parti pris des intérieurs où dominent nettement la couleur noire et la couleur blanche, allusion à l'esthétique de films réalisés avant l'apparition de la couleur. La mise en scène ne manque pas d'inventivité, dès le générique qui montre une boîte à musique où des figurines dorées se croisent à l'image des couples du film à venir…

L'interprétation est très agréable. Les maladresses dans le chant et la danse n'ont que peu d'importance et nous prémunissent des désagréments tout aussi évidents du playback qui gâchent pas mal de films musicaux. Cybill Shepherd joue de son charme tandis que les seconds rôles sont très drôles, notamment John Hillerman, inoubliable Higgins de Magnum ou Madeline Kahn, irrésistible dans un numéro où elle cherche "un homme primitif".

Enfin l'amour est un film stylé, un régal pour l'oeil, et comporte des scènes vraiment drôles. Malgré ses scories, il ne mérite certainement pas l'opprobre qu'il subit depuis sa sortie.


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