Joe Carnahan s'approprie les codes du polar urbain pour mieux les dynamiter de l'intérieur par une mise en scène abrasive et rugueuse. Classique dans son scénario jusqu'aux ultimes convulsions de son dénouement, le film fait l'effet d'un uppercut en plein visage, et ce dès les premières images : on voit le visage tourmenté de Jason Patrick dans les lueurs bleutées d'une aube incertaine, avant d'enchaîner sur une course-poursuite épileptiques laissant les protagonistes (et le spectateur avec) littéralement à bout de souffle, par la force d'un montage d'une efficacité imparable.
Ray Liotta, transfiguré, fait de Oak une pure machine humaine, un monstre de chairs massif, un bloc de tension sans cesse sur le point d'imploser. Sa quête de la vérité, obsessionnelle jusqu'à la folie, lui fait bafouer le règlement, franchir les limites, oublier ses propres limites. Face à lui, Jason Patrick, dans le rôle de Tellis, est un parfait contrepoint, ancien officier drogué, raisonnable et pondéré, peu à peu contaminé lui aussi par la recherche de la vérité, au point de négliger sa femme et son enfant.
Le film trouve un parfait équilibre entre brusques flambées de violence, et séquences intimistes qui humanisent les personnages ( Jason Patrick qui donne la douche à son enfant, une conversation apparemment anodine entre Oak et Tellis pendant une plaque en voiture) et donnent au film sa profondeur.
La longue séquence finale dans l'entrepôt désaffecté, éprouvante pour les nerfs, distille un suspense obsédant, au fur et à mesure que la vérité tant cherchée se dévoile.
Narc est un concentré de brutalité mélancolique, un polar qui sonde les âmes meurtries de personnages au bord de la rupture, une plongée vertigineuse dans un enfer urbain phagocyté par une violence qui éclate comme on crève un abcès.
Un film qui laisse le spectateur dans un état proche de l'asphyxie.
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