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Assez rigolo


De Impétueux, le 20 juillet 2018 à 15:25
Note du film : 3/6

Ce qui est assez rigolo, c'est que notre époque semble découvrir que l'argent est fou, et que la cupidité, si on lui laisse la bride basse, parvient à mener le monde, alors que, de tous temps, les gens sérieux, en tout cas un peu soucieux de l'équilibre des sociétés, ont essayé, sans toujours y parvenir, de le brider. Philippe le Bel emprisonnait régulièrement les banquiers, à tout le moins leur confisquait leurs excès de plus-values, et cette saine façon de voir permettait à l'Etat de se consacrer à l'intérêt général, qui n'est pas l'intérêt d'une oligarchie…

Voilà quelques mots bien solennels pour préalable de quelques mots sur un petit film, regardé distraitement tout à l'heure, mais qui, de façon sommaire et caricaturale dit tout le mal qu'on peut penser des grosses machines bancaires, qui ruinent les gens pas même pour le plaisir, mais pour l'esprit de système…. C'est la forte et profonde parole de Baudouin d'Espinasse (Philippe Magnan) à ce petit besogneux Julien (Gérard Lanvin) qui, parce qu'il a surpris quelques secrets et réalisé quelques millions croit être entré dans la cour des grands : Avoir gagné 100 millions ne donne pas la richesse, mais simplement la possibilité d'en gagner 200.

Si le film de Gérard Bitton et de Michel Munz avait voulu être vraiment subversif, c'est là qu'il aurait dû frapper : la richesse, en fait, c'est l'habitude d'être riche, et comme le dit d'Espinasse à Julien avec un souverain mépris, ma famille est riche depuis deux siècles. Ce qui signifie, en d'autres termes, que lorsque Julien et ceux qui l'entourent auront fini par claquer leur capital, la richesse de la banque Berthin-Schwartz demeurera immuable. Mais ça, dans un film formaté pour la télévision, c'est un peu indicible. À noter, toutefois, au bénéfice du film, qu'aucun des personnages n'est vraiment net et que la tentation de l'argent vite et sans effort gagné chatouille tout le monde et pollue chacun. C'est d'ailleurs exactement comme ça que ça se passe dans la vie réelle.

Gérard Lanvin, majordome stylé en voie de licenciement, qui se rebiffe et, par un opportun cheminement du hasard, parvient à tailler des croupières à quelques seigneurs de la Finance, Jean-Pierre Darroussin, son ami, cuisinier de génie, et sentimental anarchiste vite rappelé aux réalités par de bienvenues opérations boursières sont l'un et l'autre excellents. Des historiettes romanesques avec les fort jolies Barbara Schulz et Jennifer Decker ne parviennent pas à gâcher ce brave petit film, à qui il manque tout de même l'once de sauvagerie qui aurait été nécessaire pour davantage démolir l'horreur économique…

Si toutefois, ce que je ne pense pas, ou pense de moins en moins, l'affaire est démolissable. Comme le dit un de mes proverbes préférés, que je cite dès que je le peux (et c'est donc souvent) : La pierre tombe sur l'œuf, tant pis pour l'œuf, l'œuf tombe sur la pierre, tant pis pour l'œuf..

Le paradis n'est pas de ce monde.


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De Arca1943, le 27 août 2011 à 18:25
Note du film : 3/6

Plus que jamais, le libéral que je suis se réjouit de ne pas être libériste. Écoutons plutôt le comte Sforza, fameux politicien libéral qui, s'appuyant sur les propos de son ami et penseur libéral Benedetto Croce (CF par exemple "Libérisme et libéralisme"), proclamait avec juste raison «l'absence de toute valeur de la prétendue "liberté économique" via-à-vis de la liberté tout court.» Il faut dire que Sforza et Croce s'étaient trouvés confrontés à l'idéologie de Benito Mussolini, qui proclamait en novembre 1921 : "Libéraux en matière d'économie, nous ne le serons pas en matière de politique !" Et de fait – on tend à l'oublier étant donné l'interventionnisme forcené de l'État italien à partir de 1926-27 – les deux premiers argentiers du régime, Volpi et De Stefani, étaient des "manchestériens" pur jus : deux types en réalité pas très fascistes (surtout pas De Stefani), mais qui croyaient naïvement que la "liberté économique" est censée garantir ou entraîner "automatiquement" la liberté tout court. Tt, tt, tt. À quel point ils se trompaient, je pense que les événements historiques ont en administré la preuve.

Tout ceci pour dire que j'ai été néanmoins un peu déçu par cette comédie, bien qu'elle ménage des moments décapants et réjouissants. Les deux historiettes sentimentales plombent quand même un peu le film, nous éloignent de l'histoire qui nous est racontée et lui font perdre son rythme. Une satire de cette sorte doit être menée à l'emporte-pièce – et par moments elle l'est, d'ailleurs – et ne pas se prendre les pieds dans les fleurs du tapis. Cela dit, la scène où Lanvin qui cherche une femme de ménage fait passer son test d'embauche à une jeune femme qui se croit, elle, à un rendez-vous galant est un amusant quiproquo, même s'il est hors sujet. "Pour la tenue vestimentaire, je serai intraitable !"

J'ai été heureusement surpris par Gérard Lanvin, tout à fait à sa place dans ce casting de vieux garçon renfermé (à une autre époque on aurait confié ce rôle à Charles Denner). Darroussin, amouraché d'une p'tite jeunesse, m'a fait éclater de rire dans son tee-shirt Nirvana. Et j'ai trouvé génial l'interprète du vieux monsieur Lebrun, valeureux entrepreneur qui a commencé avec un camion et fini avec 800.

Les méchants banquiers m'ont semblé assez prévisibles dans leur cuistrerie et le cynisme un peu facile de leurs échanges. En contrebas, le bon peuple est heureusement plus contrasté. Bref, c'est bien regardable mais on s'ennuie parfois du Sucre.


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