Le pays de la violence vient d'être édité luxueusement par Sidonis-Calysta. Une fois plus, on constate à quel point John Frankenheimer était un cinéaste ambitieux dans les années 1960 avant de rentrer dans le rang durant les décennies suivantes. Le pays de la violence date aussi d'une époque (1969-1970) où les grands studios hollywoodiens, au cas particulier Columbia, étaient encore capables de financer d'authentiques films d'auteur.
Le pays de la violence est à rapprocher du précédent film du cinéaste, Les parachutistes arrivent. Il s'agit dans les deux cas d'une chronique humaine, sensible et inspirée de l'Amérique profonde. Sur ce dernier point Arca me semble avoir dit l'essentiel dans ses messages précédents.La façon dont le récit est mené peut déconcerter: pendant plus d'une heure le nombre de péripéties est des plus restreints. Puis tout s'accélère dans le dernier quart d'heure. Cependant on ne s'ennuie guère grâce à une réalisation vigoureuse et à une courte durée (97 minutes). De toute évidence Le pays de la violence a eu quelques soucis de montage, comme l'a affirmé Grégory Peck dans certaines interviews mais cela n'a pas suffi à amoindrir la puissance du film.
Le pays de la violence se distingue par une interprétation impeccable. Frankenheimer souhaitait Gene Hackman pour interpréter Henry Tawes mais la rigidité de Gregory Peck me semble en parfaite adéquation avec la droiture de ce personnage de shérif inflexible -en apparence seulement. La belle jeune femme qui mène l'homme mûr à sa perte est incarnée par Tuesday Weld, actrice remarquable injustement oubliée de nos jours. Les seconds rôles sont très bien tenus avec une mention spéciale pour l'imposant Charles Durning, adjoint très opposé au shérif Tawes.Le titre original I walk the line vient de la chanson éponyme de Johnny Cash. La musique du célèbre artiste de country music est en symbiose avec l'observation de l'Amérique profonde.
Le pays de la violence a beau présenter des imperfections, son désenchantement hante durablement.
Page générée en 0.0027 s. - 6 requêtes effectuées
Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter