Grand et beau film réalisé par Dino Risi en 1960 avant Une vie difficile (1961) et Le fanfaron (1962). Dialogues élaborés et naturels, éléments graves et drôles, relations humaines et sociales. Derrière l'aventure sentimentale, un portrait de l'Italie de l'époque. Les contributeurs de cette oeuvre décrivent le mystère de la vie en société, le développement de celle-ci dans un cadre urbain empiétant sur la campagne romaine.
Une succession de séquences magnifiques : l'entrée au sein des studios par le personnage masculin par exemple, découvrant aux côtés du spectateur, des rites et codes énigmatiques. La créativité des contributeurs de Un amore a Roma est impressionnante : ils semblent défricher sous nos yeux émerveillés le langage cinématographique de la modernité, qui vient de naître, avec énormément de trouvailles de fond et de forme, et de talent.
Même très bien réalisé par Dino Risi, porté par une équipe d'interprètes de très bon calibre et tourné à Rome, à Capri et sur plusieurs plages italiennes de 1960, un photoroman sera toujours un photoroman.
Je n'ai pas vu tout Risi, mais je crois bien que c'est son premier film à tonalité résolument dramatique… et le dernier avant Fantôme d'amour ! Pour une fois le titre français rend mieux le sujet que l'original : L'Inassouvie éponyme est l'étonnante Mylène Demongeot, starlette de 1960 aux moeurs légères (et d'origines modestes) dont est amoureux Marcello, un dandy romain issu d'une famille d'aristocrates ruinés, et interprété avec aisance par le jeune premier américain Peter Baldwin, qui deviendra plus tard réalisateur de télévision. (Il fut aussi assistant de De Sica).
Le Risi volontiers égrillard des farces de cul à la Sessomatto est heureusement en veilleuse, et ce sont plutôt les réactions et la psychologie de sa sensuelle interprète qui l'intéressent. Et ça ne manque pas de finesse dans l'observation, de souci du détail dans la mise en place, mais tout ça, je l'ai dit, dans une optique de fotoromanzo. C'est du mélo, quoi. La musique de Carlo Rustichelli a un côté "ascenseur" qui annonce bien la couleur. La photographie, les repérages, les nombreuses scènes d'extérieur – de rue, de plage… – sont magnifiques, tout comme le sont aussi Elsa Martinelli et Maria Perschy. Et bien sür on y trouve l'indispensable Claudio Gora dans le rôle d'un ingénieur douteux.
Ce sont les à-côtés qui m'ont surtout intéressé : étant donné que la jeune Anna (Demongeot) est starlette (et a eu, dit-elle, un rôle dans Poveri ma belli malheureusement coupé au montage) on assiste au tournage d'un douteux peplum par un Vittorio de Sica qui s'arrache les cheveux pour avoir le silence sur le plateau. Mais du coup, ce passage humoristique jure avec la tonalité d'ensemble. On a aussi l'occasion de voir le comique Fanfulla dans un bref numéro d'avant-scène. Quant à Mylène Demongeot, elle a peut-être ses limites, mais elle pleure en gros plan comme pas deux et donne un relief indéniable à son personnage.
Le finale sans happy-end, à l'italienne est émouvant (je suis sûr qu'un critique du temps a dû écrire que ça faisait pleurer Margot). En filigrane, il y aurait bien un apologue sur la transformation des moeurs, voire sur le heurt d'une nouvelle Italie (Demongeot) et d'une ancienne Italie (Peter Baldwin), mais ça reste assez ténu.
À noter que la qualité audio-visuelle de cette édition René Château est fort satisfaisante. Il y a même la version sous-titrée… mais pas de chapitrage, bien entendu !
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