« De toute façon, ce genre de remake U.S. ne s'adresse qu'à un public qui n'aurait jamais eu l'idée saugrenue d'aller voir un film étranger (autrement dit non-américain)… »

…mais exportés, parfois avec succès, dans le monde entier. Cherchez l'erreur.

« Je n'ai même pas eu le temps d'aller le visionner, c'est très vexant. »

Ça ne va pas vous consoler, mais de ce côté-ci de l'Atlantique il y a un bon moment que ce genre de film ne sort même plus en salle : énormément de films américains, quelques films français et québécois. Mais des films italiens ou suédois ou japonais en sortie "normale" dans une salle de cinéma, ça n'existe plus. Cela dit, les deux semaines d'écran que vous évoquez me laissent songeur : de nos jours, le succès retentissant de Pour une poignée de dollars, par exemple, ne serait plus possible, car le temps en salle est trop bref pour que le bouche-à-oreille ait le temps de fonctionner.

Un film de vampires suédois, dont les héros sont des enfants, ça ne peut être que dépaysant. Et Morse l'est assurément. D'une extrême lenteur, d'une grande minutie dans le détail, le film distille la violence et le gore avec parcimonie, et les scènes de vampirisme n'en sont que plus choquantes. Ainsi ce moment où la femme récemment vampirisée, est attaquée par des chats devenus fous en sa présence, est-elle saisissante.

Les payages sont glacés, la mise en scène solennelle, et l'humour quasi absent. Morse (curieux titre français) parvient à envoûter sans peine, grâce aussi aux deux jeunes comédiens exceptionnels, jouant le jeune Oskar et la vampiresse. Ils forment un inoubliable couple d'exclus, de mal aimés. La scène finale dans la piscine, conclue leur aventure de manière ambiguë : Oskar rêve-t-il ? Eli est-elle vraiment arrivée ? Chacun sa lecture.

Comme le western, le film de vampires trouve toujours un moyen de renaître de ses cendres, et Morse sans être exempt de défauts, est tout de même une belle tentative (la vraie note serait plutôt 4,5/5, d'ailleurs), et vaut d'entrer dans les annales du genre.