4,8/6. Très bon film américain contemporain, abordant sous un angle original et intéressant les formes du rêve américain de réussite sociale, individualiste et matérialiste, s'appuyant nécessairement -selon les auteurs de Limitless-, sur tout un système de contournement de la légalité et de règles morales… Un univers urbain ou surnagent les rois en manipulation mentale et physique. Des qualités cinématographiques évidentes pour Limitless. Bradley Cooper réalise une interprétation de grande qualité, les actrices féminines et Robert de Niro sont excellemment dirigés.
La musique est bien intégrée, la photographie joue sur les couleurs associées aux systèmes de pensées, idem pour la mise en scène souvent survoltée, multipliant les plans rendus possibles par les effets spéciaux d'aujourd'hui. Ce film n'est pas parfait : quelques trous d'air au niveau du scénario et un aspect un peu cinoche parfois (des instants guère crédibles et exagérés). Un tempo plus lent par moments aurait été le bienvenu. Le spectateur n'est pas géré de main de maître, mais Neil Burger est un réalisateur en début de carrière, et le meilleur de sa part reste sans doute à venir…
On nage dans le fantastique, l'humour et le suspens des films les plus noirs avec un certain bonheur. Ne cherchez aucun message philosophique, il n'y en a pas. La morale est aux abonnés absents mais l'humour est bien ancré dans les situations les plus périlleuses. La bagarre et la rouste prise par les marlous dans le métro est une reussite. L'incrustation de Bruce Lee en action est fort bien venue ! Bradley Cooper nous tisse le portrait d'un très sympathique perdant qui ne laisse pas passer sa chance de reussir par tous les moyens, mêmes les plus dangereux. Et, chose rare, Robert De Niro n'en fait pas trop comme pour lui laisser le champ libre . Il reste un ton en dessous afin de ne pas empiéter sur l'abattage de ce jeune et talentueux acteur. Je me suis surpris à reconnaitre dans ce film pas mal de scènes semblant sortir tout droit de 99 F de Jan Kounen. Hasard ? Imagination tordue de ma part ? Mais entre les prises de substances illicites, le tout numérique et des scènes presque à l'identique, je me pose des questions..
Le monde des traders et celui des publicitaires est assez proche. C'est la course au succès obligé, sous peine de retourner d'où on vient, déprime en sus. Dans beaucoup de films Américains, les héros du genre de Tom Cruise dans La firme, par exemple, sont légion. Et ce Limitless nous compte également l'ascension forcénée d'un Américain plus que moyen qui, à force de procédés pas très légaux et de mèdecine bizarre finira tout en haut d'une échelle assez nauséeuse et entouré de ses jouets de reussite. La différence essentielle, c'est la dope. Et cette ascension sociale très méphistophélique est assez jouissive. Sans temps mort ni recherche d'une quelconque vérité subliminale, Neil Burger joue la carte du cent à l'heure, histoire de ne pas nous faire trop réflechir. C'est avant tout un divertissement bon enfant visant à nous rappeller que jouer parfois à L'apprenti sorcier peut se révéler de très bon rapport, contrairement à une légende tenace.Un film pas sérieux, sérieusement abouti par le talent d'un metteur en scène et de quelques acteurs sérieusement épris de ce qu'ils font sans se prendre au sérieux. C'est assez rare pour le souligner.
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