Qu'est-ce qui ressemble plus à un Spahi,qu'un autre Spahi ? Tous aussi beaux dans leur bel uniforme…Mais un est encore plus beau que les autres et rayonne dans le défilé : "gueule d'amour",séduisant toutes les femmes. On retrouvera une situation analogue en 1955 dans "les grandes manoeuvres,inspiré du roman inachevé Lucien Leuwen de Stendhal. Un défilé de soldats tous pareils ,une musique militaire, et un se distingue : Gérard Philipe, qui séduit toutes les femmes au balcon. Dans un autre registre le défilé des polytechniciens le 14 juillet doit séduire bien des femmes.. Tous aussi intelligents,ils ont reussi le concours de l'X,tous aussi beaux dans le grand uniforme. Mais un se distingue et seduit sa dulcinée. Pas necessairement parce qu'il est plus beau ou plus intelligent, mais pour d'autres qualités comme la gentillesse,la simplicité,par exemple . Lucien n'a rien d'un Don Quichotte,c'est plutôt un Don Juan, mais Mireille Balin joua la nièce de Don Quichotte dans la version francaise du film eponyme de 1933 . Renée Valliers y joua Dulcinée. Le réalisateur allemand Georg Wilhelm Pabst lança la carrière de Mireiile Balin. La scène sur la passerelle des buttes Chaumont vers 38 mn me touche personnellement. J'ai une photo analogue de mon père sur cette même passerelle vers 1937 (publiee au mémorial de la Shoah). A l'époque un photographe professionnel devait prendre les couples sur la passerelle et distribuer des tickets pour venir chercher sa photo.
. L'amour fou de Lucien pour Madeleine ,une femme fatale,causera sa perte. Ce n'est pas une de ses admiratrices a la fenêtre, il fera sa connaissance par hasard dans un bureau de poste a Cannes . Il se vantera d'être surnommé gueule d'amour,ce qui est justifié . Si l'amour a détruit "gueule d'amour", nous sommes en 1937 et la guerre détruira plus de civils que de soldats. Les beaux uniformes étaient portés aussi par les bourreaux nazis. Les alliés dans leur bel uniforme n'avaient plus envie de parader sous les fenêtres des jolies femmes ,la guerre a bien d'autres imperatifs. En France la resistance n'avait que faire d'un bel uniforme.Aujourd'hui le prestige de l'uniforme subsiste dans une moindre mesure malgré les horreurs de la guerre. uniiforme militaire wikipedia.L'attrait de l'uniforme jouait un rôle non négligeable dans le désir des jeunes gens de rejoindre les rangs d'une minorité sociale si bien équipée. Enfin, le « prestige de l'uniforme » ne laissait pas la gent féminine indifférente.. De la fiction a la réalité , Mireille Balin fut séduite par l'iniforme nazi.On dit qu'elle trouva du charme à un officier autrichien. Il convenait à son personnage qu'elle aimât aussi l'uniforme, sans trop distinguer lequel (l'express,Françoise Giroud : Une femme fatale). Mireille Balin avait rencontré en 1938, à Kitzbühel, Aloïs Deissböck dit « Birl », fils d'un industriel bavarois de la chimie. Elle le retrouve à l'ambassade d'Allemagne à Paris : c'est le coup de foudre entre elle et le jeune lieutenant de la Wehrmacht (wikipedia)Trame archi-rebattue dans le cinéma français des années trente et au-delà (le héros sombrant peu à peu, poussé par un contexte social et quelques personnes malveillantes) mais le style de Grémillon, le jeu de Gabin, et l'adaptation de Charles Spaak de l'oeuvre littéraire originelle font la différence avec le tout-venant de l'époque. Des personnages nuancés, avec qualités et défauts, nouant des relations sociales et humaines élaborées (le valet fait par exemple preuve d'initiatives, de perspicacité, de qualités morales étonnantes vis à vis de ses patrons, balayant la hiérarchie sociale au sein de son lieu de travail). Une description minutieuse des classes sociales et de leur environnement citadin, avec ses ouvriers de l'imprimerie affiliés à la CGT, ses bourgeois confortablement installés, ses affiches de spectacle, et ses hôtels populaires.
Evidemment, Jean Gabin réalise une prestation de premier ordre, colérique, abattu, réfléchi, entreprenant, susurrant des mots qui font mouche, surtout aux femmes… La mise en scène de Grémillon, sans effets appuyés, est remarquable. Une discrète touche cosmique : Gabin et sa compagne, situés sur le point culminant du parc des Buttes-Chaumont, par un soleil au zénith, ou plus tard, Gabin agité, dans un environnement méditerranéen balayé par le vent. Fluidité des transitions entre séquences (le clocher de la ville d'Orange succède à la tour massive de la gare de Lyon, à Paris). Mise à contribution de l'imaginaire du spectateur (l'image des Spahis projetée sur le sol, renvoyant à la projection mentale du personnage principal). Et une sublime photographie en noir et blanc de Günther Rittau magnifiée par la version restaurée diffusée sur grand-écran.
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