''La sortie dans deux mois de ce drame politique de Mauro Bolognini me met littéralement en ébullition. Pourquoi donc ? Est-ce donc un si grand film ?''.

Eh bien cher Arca, cette chronique d'un homicide est un bon film.

L'action se passe en 1972, début en Italie des années de plomb. Suite à une manifestation houleuse, des heurts entre jeunes étudiants contestataires et forces de l'ordre ont lieu. Un policier tue d'abord un étudiant. Puis un étudiant, Fabio (Massimo Ranieri), blesse à son tour mortellement un agent de police. C'est le propre père de Fabio, le juge Sola (Martin Balsam), qui est chargé d'enquêter sur les deux homicides. L'un des camarades de Fabio est accusé à tort du meurtre du policier. Dans un premier temps et sous la pression de ses comparses, Fabio ne se constitue pas prisonnier. Mais à terme, la confrontation entre le fils homicide et son juge de père est inévitable.

Pourquoi donc chronique d'un homicide est-il resté si longtemps inédit chez nous ? Parce qu'il traite sans détour du problème des échauffourées entre jeunes étudiants et police, problème aussi important dans l'Italie du début des années 1970 que dans la France d'après mai 68 ? Quoiqu'il en soit, il s'agit d'une oeuvre de qualité qui ne méritait pas d'être invisible dans l'hexagone pendant 35 ans.

Si le scénario aborde le sujet de la jeunesse italienne révoltée, le coeur du film est constitué par la confrontation cornélienne entre le juge et son fils, dont il ignorait le militantisme radical. Et puisque ce dilemme est traité efficacement mais sans manichéisme, l'ensemble est assez passionnant, d'autant que, dans le rôle du juge, Martin Balsam est aussi remarquable qu'il l'était en flic dans Confession d'un commissaire de police au procureur de la république.

Signalons en dernier lieu que les coquetteries esthétiques chères à Bolognini sont ici absentes. chronique d'un homicide est donc une oeuvre tout à fait recommandable où l'on retrouve les qualités du cinéma italien du début des années 1970.

La sortie dans deux mois de ce drame politique de Mauro Bolognini me met littéralement en ébullition.

Pourquoi donc ? Est-ce donc un si grand film ?

Eh bien, peut-être; je ne l'ai pas vu. Mais la question n'est pas là : la question, c'est que ce Bolognini a toujours été inédit en France. Et le voilà qui arrive sur DVD, 35 ans plus tard.

Aussitôt, mon esprit de collectionneur se met à extrapoler. Donc, des films italiens peuvent sortir en France, 30 ou 40 ans plus tard, même s'ils avaient toujours été inédits jusque-là.

Eh bien, eh bien, eh bien…

Girolimoni, il mostro di Roma de Damiani, Bronte de Vancini et Lo Chiamaremo Andrea de De Sica sont trois films italiens de 1972 jamais sortis en France, exactement comme celui-ci. Alors si on peut sortir l'un, forcément on peut sortir les autres… Enfin, c'est ce que je me dis, quoi…