Adapté d'une pièce française, Jalousie est un drôle de film, pas vraiment un mélo, mais plutôt un drame avec des vélléités d'étude psychologique "sérieuse", qui pâtit d'un postulat fragile : tout ne tient que parce que Christine n'ose pas avouer à son nouveau mari, qu'elle fut la maîtresse d'un autre homme, alors qu'elle le croyait mort. Quand au bout d'une demi-heure, on commence à se demander pourquoi elle agit de cette manière absurde, l'entraînant jusqu'au meurtre, c'est que fondamentalement quelque chose ne fonctionne pas.

Bette Davis défend son personnage comme elle peut, mais elle a du mal, tant ses motivations sont floues et indéfendables. Son aveu final à son mari, rend le tout encore plus incohérent. Henreid est bien trop falot pour jouer ce jaloux violent et tourmenté, et Rains n'a jamais été aussi cabot, qu'en compositeur génial et manipulateur. La scène du restaurant, où il joue avec les nerfs du pauvre violoncelliste, en passant des heures à passer commande, est la plus réussie de tout le film.

De Jalousie, on retiendra une déco somptueuse, de beaux mouvements de caméra, une photo en clairs-obscurs d'un rare esthétisme, mais on n'en gardera qu'un souvenir mitigé, tant le scénario est tiré par les cheveux.