Film absolument remarquable, second long métrage du réalisateur après le déjà très réussi LES HOMMES LE DIMANCHE, sorti un an avant, à la fin du muet. L'utilisation du son, à ses débuts, et qui effrayait alors certains cinéastes, même parmi les grands (Chaplin par exemple), est inventive et reste impressionnante dans les pistes qu'elle ouvre : la triste et pauvre pension de famille, cadre d'une action cernée en temps quasi-réel (75 minutes environ), existe par le décor, les personnages qui y évoluent, mais encore plus par l'utilisation du son, des bruits, de la musique. Le pianiste-chanteur qui répète, et que l'on entend quand il est à l'image, donne une unité supplémentaire à l'ensemble, sonore celle-la, puisque sa musique passe à travers les minces cloisons et imprègne tout le film. Tout concourt à nous enfermer dans une sorte de bocal-prison. Au-delà d'un thème pessimiste, l'échec d'un amour naissant, ce qui frappe, c'est la force du traitement, la caractérisation des personnages, le jeu des acteurs … Un vrai bon film, qui reste audacieux et novateur.

Les Parisiens ont la chance de profiter du cycle Siodmak à la Cinémathèque (jusqu'à la mi-juin 2010). Et on peut revenir à nos 'vieilles' cassettes (la télé a beaucoup diffusé Siodmak il y a quelques années: merci Patrick Brion!) et lire ou relire le bel ouvrage de Hervé Dumont. Pour les DVD, c'est encore maigre.

Il y aurait tant à dire sur TUMULTES, PIEGES, MOLLENARD, les grands films 'noirs' américains, et même certains titres de la dernière période allemande.