Mais justement, c'est là où le parti pris de la réalisatrice pouvait intéresser et même séduire : montrer, dans une sorte de cinéma-vérité ce que sont les heurts et malheurs, les tracas, les soucis, les angoisses, les espérances et les désespoirs de ces belles plantes dès qu'elles sortent de l'écran et qu'elles rencontrent les mille vicissitudes du quotidien : affaires de cœur, de bonshommes, de talent, de succès ; soucis devant le vieillissement inéluctable, envie de donner un cours nouveau à sa carrière, volontés de se rénover, courses pour décrocher un rôle, compétitions d'egos démesurés, craintes d'être complétement oubliées.
Assez habilement, Maïwenn a mêlé dans son film des situations qu'on imagine réellement connues par certaines des actrices qu'elle présente et d'autres qui n'ont sans doute pas été effectivement vécues par celles qu'elle met en scène mais qui doivent s'appuyer sur des anecdotes authentiques. Dans le premier cas, Muriel Robin qui a vraiment envie de jouer Molière, parce qu'elle n'a pas toujours fait la gugusse rigolote mais a jadis été élève du Conservatoire et qui pourtant se fait défoncer par Jacques Weber, parce que ça fait trop longtemps qu'elle n'a plus répété une mise en scène de théâtre classique. Dans le second cas, Marina Foïs qui se fait régulièrement injecter de l'acide hyaluronique pour estomper ses rides et court les castings infructueusement ou Romane Bohringer qui se désespère d'avoir disparu des écrans. Mais tourner un film de 100 minutes sur des problématiques aussi répétitives est une gageure impossible. Au bout d'une demi-heure, le spectateur a complétement assimilé la démarche ; il commence à la juger plutôt artificielle : caméra portée, souci de montrer des actrices mal attifées, mal maquillées, larmoyantes ou déconcertées et de mélanger les images de toute nature : leur vie privée, leurs souhaits, leurs humiliations. De bons moments, certes, comme ces cours de théâtre onéreux donnés par Christine Boisson dans une grande violence et où se rebelle Karole Rocher, mais tellement de situations lassantes ! Obligation, alors de tourner la caméra vers soi et de se mettre en scène : le film de Maïwenn devient un film sur Maïwenn et ce n'est pas parce que le procédé est roublardement dénoncé en ce sens que c'en est plus convaincant.Et puis, quelle idée médiocre de placer dans le film, en intermèdes, des chansons assez niaises dont on se demande la pertinence ! L'enchantement des Demoiselles de Rochefort n'est pas à la portée de grand monde et ceux qui s'y essayent, d'Alain Resnais (On connaît la chanson) à Maïwenn se cassent généralement la figure…
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