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Deux monstres vieillissants


De Impétueux, le 5 janvier 2009 à 19:27
Note du film : 4/6

Sur le fil de Chut, chut, chère Charlotte, Verdun indique qu'il n'est pas loin de préférer le second opus à Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?, qui connut pourtant un bien plus grand succès, succès qui entraîna presque naturellement à demeurer dans la même tonalité vénéneuse, et toujours avec l'extraordinaire Bette Davis.

Je suis assez de cet avis, préférant sans doute aussi Chut, chut, chère Charlotte, peut-être parce que, malgré une longueur identique, l'intérêt est davantage en haleine dans la révélation/résolution d'une énigme que dans l'étouffement d'un huis(presque)-clos, dans les déchirements hystériques de plus en plus violents d'un pitoyable pantin englué d'enfance et d'amertume.

Cela écrit, s'il y a un bon quart d'heure de trop dans l'un et l'autre film, c'est tout de même, et dans les deux cas, une magnifique montée chromatique, avec un scénario incontestablement plus original pour Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?… Si la descente aux enfers pitoyable des stars du muet a été relatée avec une cruauté admirable dans Boulevard du crépuscule, j'ignore si la frustration de l'enfant-vedette qui ne parvient pas à grandir avait déjà été mise en scène ; les fins de partie ne sont pas toujours belles, et il doit y avoir eu une palanquée de stars gamines qui, moins notoires que l'immense (et exaspérante) vedette que fut Shirley Temple) se sont retrouvées, à la fin de leurs belles années, à mendier un cachet ici et là, à essayer de survivre…

La complication qu'Aldrich introduit, en donnant à Baby Jane Hudson une sœur talentueuse et devenue infirme à la suite d'un accident plus mystérieux en réalité qu'il n'a d'apparence immédiate est, malgré son habileté, un peu artificielle, mais pose de façon très intéressante la question des relations entre deux êtres rassemblés à la fois par les liens du sang et par le secret qui les lie…

On peut gloser sur la vraisemblance, mais on doit reconnaître à Robert Aldrich un sens très sûr de l'insupportable, qui culmine sans doute dans l'image, à la fois totalement attendue et totalement surprenante du rat énorme servi, sous sa cloche d'argent à Blanche terrifiée (Joan Crawford) par Jane (Bette Davis). Ce sont ces images-là (et Blanche attachée, ligotée sur son lit) et le jeu magnifique des deux actrices, mais aussi de l'huileux répugnant Edwin Flagg (Victor Buono) qui font tout le prix d'un film étrange, mais qui n'emporte pas tout à fait l'adhésion, sans doute à cause de l'artificialité de l'histoire, encore accrue par la révélation finale, qui est indispensable, certes, mais qui arrive sans vraie raison et sans pertinence…


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De Gaulhenrix, le 16 octobre 2007 à 18:25

Je note tout de même une réelle cohérence dans l'œuvre d'Aldrich : il a tenté un premier essai avec – dit en termes crus – « Les deux salopes » de Qu'est-il arrivé à Baby Jane en 1962, suivi de la transformation réussie avec Les douze salopards en 1967. Bref, sept longues années placées sous le signe d'une idée fixe ! Et pour convaincre les éventuels incrédules, il me suffit d'invoquer Bergson pour qui tout philosophe s'épuisait à exprimer les mêmes idées, oeuvre après oeuvre, tout au long de sa vie.

« Etonnant, n'est-ce pas ?! »


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