« La fin justifie les moyens ». Cette règle de la construction des histoires (surtout au théâtre et au cinéma, dans les arts narratifs en somme) vaut encore pour le polar, et plus encore pour ce sous-genre qu’est le thriller. La raison en est fort simple : le code du thriller consiste à monter la sauce de plus en plus, en partie grâce à un rapprochement – évidemment de plus en plus dangereux – de l’enquêteur et du criminel. La fin, la résolution, se doit de tenir toutes les promesses de la tension accumulée. Elle doit être à la fois forte, dramatique, surprenante tout en étant cohérente.

Tristan, comme nombre de polars français récents (De Les rivières pourpres à agents secrets), échoue dans ce qui constitue le plus important du film : sa fin. La résolution consiste en un retournement à la fois totalement incrédible, brouillon et surtout ne signifiant finalement rien du tout.

Seulement, dans le cas de Tristan on aurait tendance à être magnanime sur cette fin stupide et ratée, car justement Tristan ne se veut pas un polar pur et dur. Bien au contraire, on sent que l’intérêt du réalisateur est ailleurs, dans un ton très particulier se situant entre l’humour au second degré et le cynisme. A cet égard le film est une parfaite réussite.

Mathilde Seigner incarne une femme flic comme on n’en a rarement vu. A la fois très professionnelle, elle manque totalement de féminité alors qu’elle doit traquer un « serial killer » don juanesque. La voir jouer les séductrices devient naturellement drôle. Très concrète, presque désabusée, elle a également des flashs de pure naïveté (la manière dont elle suit ses intuitions généralement infondées et infécondes). Son vis-à-vis est joué par un Jean-Jacques Vanier éblouissant d’humour non-chalant et d’une présence écrasante dans le rôle du flic nase mais touchant.

Cet humour passe évidemment par les dialogues. Ils présentent l’étrange caractéristique d’être à la fois très écrits et de fonctionner parfaitement dans la bouche des comédiens. Les mots d’auteurs, véritable plaie scénaristique, passent ici souvent avec brio.

Rien que pour les personnages et les dialogues, le film vaut le détour.

A noter une actrice dans un petit rôle et qui fait part d’une très bonne présence : Adina Cartianu. Actrice à suivre.