En même temps, cette singularité exaspère les moines de son obédience. Parce qu'il est crasseux, parce qu'il est toujours en retard aux offices divins, parce qu'il reçoit les visites désespérées de pauvres gens qui croient qu'il dispose de pouvoirs presque magiques. Et lui, Anatoli, est torturé par le souvenir du crime qu'il a jadis commis, qu'il ne parvient pas à admettre et dont il porte la honte perpétuelle.
D'où sa rugosité, sa virulence, son indiscipline, son impossibilité de dire à ceux qui viennent le consulter un chemin paisible. Guérit-il ou fait-il (y compris avec lui-même) illusion ? Lorsqu'il reçoit une pauvre femme dont le mari est mort aux derniers mois de la guerre, en 1944 et qu'il lui intime l'instruction d'aller retrouver en France cet époux qui a survécu ? Lorsqu'il ordonne à la mère d'un garçon atteint d'une gangrène osseuse de tout abandonner pour veiller sur son fils, au détriment de son métier ? Il agit comme un fou, comme un illuminé. Mais il réconforte, en les éblouissant, aussi en les dérangeant, ceux qui font appel à lui. Il faut bien terminer un film, déjà assez long, d'une grande beauté formelle. Ciels gris de la Mer Blanche, paysages de longues falaises basaltiques où s'agrippent lichens et bruyères, herbes rases, flots toujours renouvelés, flocons de neige obstinés, feux de houille. Rien d'accueillant, de bienveillant dans ces contrées glaciales, fermées, tristes à mourir.Réconcilié avec son existence après avoir retrouvé Tykhon (Yuri Kuznetsov) qu'il croyait avoir assassiné, le Père Anatoli se meurt. Ses frères moines découvrent ce qu'il était, l'accompagnent sur l'île où il avait coutume de venir prier et où il sera enseveli.
Ce n'est pas tellement rigolo. C'est très beau.
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