On imagine avec quelque effroi égrillard le parti qu'un réalisateur de films pornographiques de la grande époque aurait pu tirer de cette situation scabreuse. Heureusement nous sommes dans la France un peu coincée du lendemain de la Guerre. Alors que les frissons du désir (pour écrire comme dans la presse du cœur) parcourent tous les couloirs, toutes les chambres de la pension, on demeure dans une chasteté ambiguë…terriblement artificielle.
Arrive donc à la pensions des Avons, près de Fontainebleau, une jeune Anglaise, Olivia (Marie-Claire Olivia), qui n'est ni particulièrement jolie, ni particulièrement effrontée, ou intelligente, ou mutine, ou je ne sais pas quoi mais qui séduit dès l'abord la directrice, qui se détourne donc encore plus de son ancienne amie Cara. Et puis ? et puis, c'est tout. Olivia tombe amoureuse de Julie, qui est bien à deux doigts de céder au démon de la chair (même observation que ci-dessus), mais résiste. Cara se suicide en s'empoisonnant. La pension disparaît, élèves et professeurs se séparent. On s'y attendait depuis le début. On peut se rappeler que Marie-Claire Olivia, ici un peu gourde, sera bien meilleure et bien plus trouble l'année suivante, dans L'auberge rouge (c'est la fille des aubergistes assassins, Carette et Rosay, mais aussi leur tête pensante). Évidemment Simone Simon, petit animal charnel, sensuel, sans doute un peu pervers est tout à fait bien, comme elle l'est dans d'autres rôles vénéneux, La bête humaine, La féline ou La ronde.Mais Edwige Feuillère est absolument magistrale et on comprend tout à fait bien qu'elle fascine autant celles qui l'entoure… L'écouter dire les quelques vers poignants de Bérénice est une leçon… Je n'écoute plus rien et pour jamais adieu/ Pour jamais ! Ah ! Seigneur, songez-vous en vous-même/Combien ce mot cruel est affreux quand on aime ?/Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,/Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ?/Que le jour recommence et que le jour finisse/Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice,/Sans que de tout le jour je puisse voir Titus ? Vraiment du très grand art…
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