Venant de voir Sanguepazzo, qui raconte la brève vie de la star Luisa Ferida – fusillée par la Résistance en 1945 – je vote pour ce Totò d'avant-guerre où elle est sa partenaire. Mais bon, il s'agit surtout d'une curiosité : à cette époque-là en Italie (1939), on se figure bien qu'il n'était pas possible de rire de grand-chose. La liberté, on le sait, est l'apanage des peuples ramollis par la vie facile des ploutocraties décadentes (sic !), comme les Britanniques, les Français ou les Américains. Toutefois, dans une entrevue abondamment citée par Jean Gili dans La Comédie italienne (Veyrier, 1983), Totò explique que le régime fasciste laissait habilement des soupapes ici et là, qu'il permettait aux humoristes une certaine licence : dans le but, justement, que l'absence de liberté soit moins durement ressentie. C'est en cela précisément que ce film contitue une curiosité, un document : il devrait permettre de vérifier exactement ce qu'il en était, comment fonctionnait cette "soupape".