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Critique


De dumbledore, le 10 janvier 2006 à 08:41
Note du film : 5/6

Prenez garde à la sainte putain est un des films de Fassbinder que l'on pourrait appeler de radical. Radical dans la forme, comme dans le fond.

Le fond d'abord. L'histoire est celle d'un tournage allemand se passant dans un hôtel espagnol. Seulement, la production connaît des soucis financiers et le tournage est arrêté (durant la première moitié du film). L'équipe s'ennuie dans le hall de l'hôtel, les couples se forment et se déforment, les êtres se croisent dans leurs problèmes existenciels et narcissiques.

Le sujet est évidemment la création artistique, comme nombre d'autres films sur le même sujet que rappelle le film. On pense bien sûr à 8 1/2, on pense surtout à ce que Wenders fera du même sujet : l'état des choses qui retrouve la même situation d'un tournage arrêté, renvoyant tous les participants du film à leur propre ennuie, leur propre solitudes.

Mais ce qui intéresse Fassbinder dans cette installation, c'est évidemment le rapport humain, celui des pouvoirs. Il y a évidemment les rapports entre la production, le réalisateur, les comédiens (les comédiennes surtout) et les techniciens ce qui permet de montrer comment et combien les rapports évoluent et le sadisme naît.

Le paradoxe le plus intéressant se trouve évidemment dans le personnage du metteur en scène, convaincu de faire des films militants, des films contre le pouvoir, etc… et qu'il découvre peu à peu qu'il est devenu un bourgeois, qu'il est devenu ce qu'il combattait et que son film comme son œuvre s'est vidé de son sens (mais en a-t-il eu ?). Constat évidemment pessimiste mais description des relations humaines toujours aussi fine et en même temps percutant.

La mise en scène de Fassbinder est également très radicale. Les scènes sont longues, les plans très composés (avec beaucoup de personnages immobiles dans le cadre, généralement des personnages qui s'embrassent, qui se serrent dans leurs bras). La gestion du temps et de l'ellipse sont soignés. Il y a aucune ellipse à l'intérieur des scènes. On sent une volonté de respecter le temps réel de l'action au sein même du montage : évidemment pas de jump cut, ni surtout de sorties et entrée de champs qui permettrait d'accélérer l'action et le rythme. Du coup, l'impression dominante est celle d'être dans une sorte de scène de théâtre où les comédiens seraient soumis au risques de devenir des statues, immobiles, figées…


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