Largo Winch est devenu une véritable franchise dans le monde de la bande dessinée. C'est d'abord l'une des plus grandes ventes d'ouvrages de l'univers de la bulle, avant de devenir une série télévisée et bientôt un film intitulé sobrement :
Largo Winch.
Encore plus sobrement, voici
Largo,
un documentaire qui s'attache à montrer les coulisses de la création du dernier album en date :
Les trois yeux du gardien du Tao. Alors qu'on aurait pu s'attendre à voir dans ce documentaire des révélations sur l'empire Largo, la mise en abîme du personnage milliardaire et l'empire de la BD, le réalisateur
Yves Legrain-Crist
prend le pas opposé : il décide de s'attacher au contraire au quotidien et au travail artisanal des deux créateurs,
Jean Van Hamme
et
Philippe Francq.
Le début du film est d'ailleurs très clair quant à cela puisque si l'on démarre le documentaire sur la machinerie
Largo Winch avec les presses qui éditent l'ouvrage, c'est pour très vite l'oublier afin de se concentrer sur un écran d'ordinateur baigné dans le calme où va naître les balbutiements de la prochaine histoire. Le message est clair, le film se situera en marge de l'empire, en marge de Dupuis et du monde de l'édition ou bien même en marge… du monde de la bande-dessinée.
Le film retrace uniquement le travail de ces deux hommes de la première ligne du scénario à la sortie d'usine de l'ouvrage. Pendant plus de deux ans, le réalisateur a suivi les deux créateurs de
Largo Winch au travers des différentes phases : l'écriture avec
Jean Van Hamme qui cherche un sujet qu'il a envie de placer à Hong Kong. On le voit alors douter, se tromper, hésiter. Ces hésitations le pousseront à accompagner
Philippe Francq en repérage à Hong Kong où les deux hommes errent dans la ville à la recherche de l'inspiration pour l'un, d'images et de visuel pour l'autre.
La dernière partie du récit est la plus étonnante. On abandonne quelque peu le scénariste pour rester dans l'atelier du dessinateur que l'on voit alors à l'œuvre.
Philippe Francq cherche, dessine, efface, recommence… et surtout il commente son travail alors qu'il l'exécute. On découvre combien chaque détail est vital, combien rien n'est laissé au hasard et combien surtout est grande l'exigence de son travail, un travail qui lui prendra presque un an… De la magie émerge de ces séances de travail, jamais lassantes, toujours riches de petits détails, de remarques pertinentes, éclairantes, évidentes ou surprenantes qui nous donnent l'impression d'être dans l'antre de la artistique.
Qu'on aime ou qu'on n'aime pas Largo Winch devient alors secondaire dans ce documentaire qui a l'apparence et l'apparence seulement d'une ode au milliardaire en blue jean. Ce qui se dégage du film, ce n'est pas deux hommes qui parlent avec satisfaction de leur réussite, mais c'est au contraire deux hommes qui travaillent, deux artisans qui font travailler leur art pour progresser, pour s'améliorer. Qui se trompent des fois, qui ne sont pas forcément satisfaits de tout ce qu'ils ont fait mais qui ont une véritable honnêteté dans leur travail et c'est cette honnêteté là qui leur permet de progresser.
Le documentaire
Largo parle certes de bande dessinée, comme jamais on en a parlé jusque là et il a toutes les chances de devenir un film culte pour les aficionados de la BD. Mais au-delà,
Largo parle de l'art et du travail de l'artiste, qu'il soit peintre, cinéaste ou sculpteur. Le processus de création est au cœur du film, création artistique qui se fait avec un peu de génie et beaucoup de travail.
En même temps que la sortie salle du film, ce documentaire connaît le 7 novembre une édition BD-DVD collector l'ouvrage et le film. Une avant première aura lieu à Lille au Kinépolis de Lomme le 6 novembre à 19h45 en présence de l'équipe du film de Philippe Francq.
