La guerre fratricide qui oppose les bolchéviques à l'armée blanche de Russie, en 1917, sert de cadre historique au cinéaste Miklos Jancso pour décrypter les mécanismes intellectuels, sociaux, à partir desquels se développent les guerres civiles. Les mécanismes d'asservissement et de domination des faits et gestes ordinaires, moteurs de ce type de conflit ou rien n'est clair, sont décrits cliniquement. Ceci par le biais d'une approche originale : construire un récit sans personnage principal, en mettant au premier plan de l'histoire des personnages surgissant et disparaissant au gré des circonstances belliqueuses.

La photographie de la campagne russe (la Volga semble-t-il), la mise en scène de Jancso sont admirables… Rouges et blancs débute en particulier par un plan-séquence d'une durée de trois minutes, impressionnant par sa sophistication. On parle peu de Jancso : il a pourtant réalisé des films qui ont fait date dans l'histoire du cinéma, comme celui-ci, Les Sans-espoir ou Psaume rouge.