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Quand "Lili Marlène" devient "Shanghai Lili" !


De Impétueux, le 21 juillet 2018 à 18:19
Note du film : 4/6

C'est drôlement bien, cette transposition de Boule de suif dans la Chine en guerre civile où les puissances étrangères (essentiellement européennes, mais aussi la Russie, le Japon et les États-Unis) avaient obtenu, au milieu du 19ème siècle des concessions, sortes de zones sous administration particulière et où tous les trafics cosmopolites possibles et imaginables mettaient en coupe réglée l'Empire du Milieu. C'était le temps où les Puissances occidentales (si l'on veut bien ranger le Japon dans cette catégorie) étaient vigoureuses et sûres d'elles-mêmes et un temps qui n'a pas résisté à la Guerre mondiale. Toujours est-il que le climat d'incertitude, de risques permanents, d'anarchie presque institutionnelle est fort bien évoqué, alors même que le film a été tourné par Josef von Sternberg entièrement en studio.

J'exagère un peu beaucoup en comparant l'intrigue de Shanghai express et celle du conte de Guy de Maupassant ; mais pourtant, dans l'un et l'autre cas il y a la réunion dans le même espace clos d'un voyage de gens très différents réunis par le pur hasard, compagnons de bonne et de mauvaise fortune, dont le périple est interrompu par une péripétie de guerre et qui se voient pris en otage. Et dans les deux cas il y a la présence parmi les voyageurs de femmes qui font commerce de leur corps. Qu'elles soient charmantes dans le film de Sternberg et dans celui de Christian-Jaque ou courtaude et graisseuse dans la nouvelle de Maupassant (le nom de Boule-de-Suif ne laisse pas de place à la rêverie) n'apporte pas de différence significative, non plus que la dualité des courtisanes, une Européenne et une Chinoise dans le premier film.

Mais dans Shangaï express vient se superposer à l'ironie méchante qui dévoile l'égoïsme, la suffisance, les vices cachés des voyageurs, le misérable petit tas de secrets qu'ils dissimulent tant bien que mal, une aventure sentimentale un peu nunuche et improbable qui finit par envahir tout l'espace. Jadis – cinq ans auparavant, en fait – Madeleine (Marlene Dietrich), sans doute courtisane déjà, mais sans doute débutante et le médecin-capitaine britannique Donald Harvey (Clive Brook) ont connu une histoire d'amour qu'on imagine aussi voluptueuse que tempétueuse et, pour un rien, se sont séparés alors qu'ils s'aiment passionnément. Ils se retrouvent dans le train et se jouent la comédie des faux-semblants qui ira assez loin mais les réunira, in fine dans un happy end plutôt banal. Le scénario, finalement d'une grande banalité, est là d'un classicisme éprouvé, bien éloigné de l'acidité méchante du conte.

Heureusement il y a deux merveilles. D'abord la capacité de Sternberg (et de son chef opérateur, Lee Garmes, qui reçut pour le film un Oscar) à filmer la poésie intrinsèque des gares (la magie des locomotives et de leurs immenses roues, de leurs manivelles et de leur brinquebalement, les fumées et les jets de vapeur, les ombres et les lumières). Et puis de mettre en valeur – et quelle valeur ! – Marlene Dietrich qui domine tout le film de sa présence. Elle est belle d'une beauté lointaine, extérieure, fascinante, d'une beauté sidérante, elle parle avec une diction éthérée, un peu hésitante quelquefois et ainsi tellement hors du temps et hors du monde. Pou r elle, simplement (mais simplement est-il le mot qui convient pour elle ?), est-ce que ça ne vaut pas la peine d'apprécier Shanghaï express ?


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De DelaNuit, le 17 octobre 2012 à 17:04
Note du film : 6/6

Réplique culte du film, susurrée par la belle avec le regard de celle qui en a vu beaucoup : "Il a fallu plus d'un homme pour changer mon nom en Shanghai Lili !"

Décidément, cette ville cosmopolite où le jeu, la prostitution et les trafics en tous genre étaient réputés, a inspiré le cinéma de cette époque.

Citons par exemple Rita Hayworth dans La dame de Shanghai : "Il faut un peu plus que de la chance à Shanghai…" Ou bien encore Victor Mature dans Shanghai Gesture, se disant "poète de Shanghai… et Gomorrhe"…

Le nom de l'espionne chinoise Shanghai Li dans Corto Maltese est aussi un hommage à la fameuse Shanghai Lili…


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