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Grande banalité


De Impétueux, le 8 avril 2012 à 15:46
Note du film : 2/6

Je m'attendais un peu à regarder quelque chose d'aussi intéressant que les Daguerréotypes d'Agnès Varda, une sorte d'exploration ethnologique d'un quartier de Paris filmé avec empathie, malice et chaleur ; un petit bout de macadam où passent des destinées individuelles sans éclat particulier, sans aventure éclatante… Des destinées qui, lorsqu'on les expose discrètement, avec pudeur, avec sourire, finissent par bâtir un joli paysage.

J'ai été bien déçu ; le parti choisi est de filmer, pendant dix jours, sur quelques dizaines de mètres d'un des coins les plus bruissants de Paris, des anonymes qui ont, ou non, quelque chose à dire… Au fil des jours, quelques physionomies se détachent, se prennent au jeu, se mêlent un peu à la comédie : la marchande de la Loterie nationale, l'ancienne chanteuse de (petit) music-hall, la jolie fille un peu bête ; on les revoit, ils reviennent, se font reconnaître de l'équipe de tournage, font un peu leur vedette… mais ne se livrent pas beaucoup.

Les allures, les visages sont captés mais jamais explorés ; on ne s'y attache pas, on n'essaye pas d'en savoir davantage ; on a l'impression que si l'équipe de Louis Malle filmait deux mois, au lieu de dix jours, on resterait tout autant extérieur…

C'est curieux, parce que, dans sa veine documentariste, Malle avait su être assez juste, dans Humain, trop humain et le sera aussi dans God's country ; mais là… on sent l'exercice de style, le pari qu'on se lance et qu'on est bien obligé ensuite de relever. Un truc vain, finalement.

Pas grand chose à relever, sinon la permanence des jérémiades relevées au hasard des conversations : La vie est trop dure aujourd'hui ou Les gens sont fauchés, vous avez vu les loyers ?… ou encore Avec tous les étrangers qu'il y a…. Or le film est tourné en novembre 1973, à la fin d'une extraordinaire période de prospérité économique, et la foule filmée par la caméra est à 90% européenne… S'il fallait encore démontrer que le Français – et le Parisien plus encore ! – est ronchon, grognon, rouspéteur et pessimiste !

À noter, en supplément, un métrage de 90 minutes d'un jeune cinéaste, Xavier Gayan qui réalise, en 2004, trente ans après un remake du film de Louis Malle en incorporant des images de son aîné et en donnant la parole à d'autres anonymes. Ce n'est pas meilleur, et ça n'a pas même l'avantage d'être daté…


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