La curiosité et la nostalgie aussi, m'ont tout de même poussé à voir ce film. Et hélas ! Je n'aurais pas dû… Combien tu m'aimes ? est un pensum fatigué, amer et misogyne, qui étire son maigre postulat jusqu'à l'ennui absolu, et ressasse les mêmes obsessions (par moments, on se croirait dans Notre histoire). Tout cela sent le rance, et Monica Bellucci est une comédienne navrante, au jeu mécanique, lourdaud, à l'oeil éteint, nullement rattrapée par le fade Campan et l'embarrassant Depardieu de plus en plus absent. L'insolence des débuts s'est définitivement muée en provocation primaire, mais le coeur n'y est vraiment plus du tout. Et hormis le désespoir d'un Darroussin dans un superbe monologue, et le charme sauvage de Farida Rahouadj, Combien tu m'aimes ? confirme le naufrage du jadis grand Blier. Pas seulement décevant : énervant.

Je n'ai pas vu, mais si le sexe omniprésent dans l'oeuvre de Blier, pouvait choquer, amuser, attendrir même dans ses premiers films, il me semble que depuis la période Anouk Grinberg, cela a viré "pervers pépère" et que ce n'est plus drôle du tout. Ce film a été vendu sur l'opulente poitrine de Bellucci, et uniquement là-dessus. Il est certain que c'est plus vendeur que Noiret et Bouquet en pyjama dans Les côtelettes… Mais un malaise subsiste. Le jadis inspiré Bertrand ne pourrait-il pas passer à autre chose ?