Un must en matière d'animation mais ça vu les moyens actuels c'est la moindre des choses ! ce film est surtout un must en matière de scénario. Le film va crescendo, de la petite ville vers la mégapole, des rencontres individuelles vers un affrontement global. Les personnages sont attachants (ce qui me faisait un peu peur avant de voir le film, juste avec les bandes annonces), les réparties sont bourrées d'humour. La vision en VF doit beaucoup aux acteurs ELIE SEMOUN (son personnage est désopilant surtout à la fin, certes ELIE recopie sa voix de L'AGE DE GLACE mais quel régal!) et JEAN ROCHEFORT en tête.

Les enfants adorent et les parents se régalent !!!

Trois ans après le réussi Age de Glace, le jeune talent de la 3D revient à la charge avec un monde fait de Robots. L'univers est totalement différent et l'on sent que les 3 années qui ont séparées les deux films constitue un véritable abysse technologique. Là où l'animation 3D se cherchait encore et se déclinait dans des histoires permettant des effets et des décors faciles (le blanc de la neige n'est pas très dur à animer !), elle trouve ici une maturité déjà impressionnante et qui laisse prévoir de beaux lendemains.

Au monde naturel de la neige succède celui très mécanique des robots dans une histoire qui met en scène Rodney, un jeune robot issu d'une famille pauvre (il n'est fait que de pièces de seconde main), mais aimante, qui l'encourage à poursuivre ses rêves et ses talents d'artiste. Rodney aime inventer des robots et vénère Bigweld, le robot qui répare et invente les robots. Suivant ses rêves, il décide de se rendre à Robotville pour rencontrer son idole. Il ignore toutefois qu'un putsh a eu lieu dans l'entreprise que dirigeait Bigweld : ce sont une affreuse et son fils qui ont pris le pouvoir. Pour gagner plus d'argent, ils décident de ne plus réparer les robots. Seuls les riches pourront échapper à la casse… Situation contre laquelle Rodney va lutter.

Une chose est sûre, c'est qu'à l'inverse de la bande de Shrek, Chris Wedge se situe dans la mouvance des réalisateur-auteurs, ayant démarrés dans le court-métrage avant de gravir (vite) les échelons vers la réalisations de long-métrages. Chez lui, on sent encore la fibre du réalisateur-auteur, soucieux de l'histoire qu'il raconte et de comment il l'a raconte. Il y a de la poésie chez lui, de l'émotion dans ses films, de l'humanité dans ses personnages. D'un film à l'autre, il se perfectionne mais reste toujours soucieux de son sujet et de la manière de le traiter.

On pourrait même dire que Chris Wedge a su redonner ses lettres de noblesse aux films d'animation pour enfants. Là où Disney se morfond dans un pensum triste et trop sage, trop irréaliste aussi, là où la bande à Shrek, Shark Tale verse dans la caricature et le film pour adultes à tendance enfance attardée, Wedge offre un univers attrayant et intelligent pour nos progénitures.

L'histoire est ici clairement tournée vers les enfants, basée sur des valeurs morales claires et fortes, mais également en phase avec le propre parcours du réalisateur : la difficulté de se battre pour ses rêves créatifs. Mais au-delà de cette morale simple et nécessaire pour les enfants, il y a une vision plus complexe, presque politique. Difficile en effet de ne pas voir dans le monde des Robots décrit ici une métaphore de nos sociétés occidentales qui s'intéressent de moins en moins aux malades, délaissés et vieux pour se consacrer aux riches, à la société de consommation.

Le rythme narratif est très savamment maîtrisé, démarrant lentement, pour s'envoler par la suite avec notamment une arrivée dans la mégalopole totalement hallucinante. Le spectacle est clairement à l'image, savoureux et superbe.

Aucune raison donc de bouder son plaisir (en VO de préférence, la voix de Monica Bellucci est presque incompréhensible.