Il faudrait référencer l'excellent et méconnu Jerry et Tom, tourné en '98, dans lequel Joe Mantegna tient le rôle principal, et Macy ne fait qu'apparaître dans une scène, à l'inverse de Edmond.

Le monde de David Mamet n'est pas gai, et Edmond continue cette descente aux enfers de l'aliénation urbaine, et de la misère affective. Tiré d'une pièce de l'auteur, ce film étonnamment signé Stuart Gordon (à des années-lumière de Re-animator, malgré la présence fugitive de Jeffrey Combs) suit la nuit d'un pauvre type, un anonyme employé de bureau qui pense s'être trompé de vie. Quittant sa femme, il part alors à la dérive, à la recherche pitoyable d'un "coup à tirer", dans les bars sordides et les peep-shows (où il croise tout de même Mena Suvari et Denise Richards !), avant de s'improviser "justicier dans la ville". Le film est porté par l'hallucinante performance de Macy, acteur génial s'il en fut, et habitué à l'univers de Mamet. Il offre ici un portrait terrible de médiocrité, et parvient à faire comprendre le cheminement de ce quidam transformé en machine à tuer. Edmond tient la distance jusqu'à son dernier quart, où il s'effiloche gravement, jusqu'au désintérêt total. Mais il vaut le coup d'oeil pour quelques séquences remarquablement écrites comme celle du bar au début avec Mantegna (autre fétiche mamétien) ou celle de la rupture avec Rebecca Pidgeon (épouse du maître). Pas à mettre entre toutes les mains, c'est certain, mais intrigant et étrangement hypnotique.