L'idée de départ est à peu près aussi absurde que celle de "Volte/face" de John Woo, mais le traitement est radicalement différent. Optant pour la crédibilité et l'émotion, le réalisateur entraîne dans les méandres d'un scénario malin et bourré de chausse-trappes, porté par la performance de Liotta, qu'on n'a pas vu aussi en forme depuis "Narc". L'acteur est assez époustouflant en sociopathe bestial et enragé, s'humanisant peu à peu et sa relation avec le médecin (un Dafoe de plus en plus ascétique) est le centre d'intérêt de "Control". Ces deux acteurs qui ont connu le rôle de leur vie avec Scorsese ("Last temptation of Christ" et "Les affranchis") se complètent parfaitement et permettent au film de s'élever au-dessus de la série B. Michelle Rodriguez, mignonette, ne fait pas le poids dans un rôle sacrifié. Drôle de film, tourné en Bulgarie, dans des décors glacés, "Control" est plein de qualités (les flash-backs parfaitement intégrés, la direction d'acteurs), souffre de quelques facilités (les poursuites en voiture inutiles, le personnage de Stephen Rea caricatural), mais passionne de bout en bout. Une agréable surprise, en somme.